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9 novembre 2006

Le Voyage à Oaxaca.

Oaxaca. Au Mexique. En ce moment, Oaxaca au Mexique c’est la révolte, les barricades dans les rues par toute une partie de la population, qui demande maintenant le départ du gouverneur de l’état pour toutes sortes d’abus et obtient l’arrivée des forces de sécurité fédérales pour mettre fin à la situation (pour plus d’explications c’est là et en photos c’est ici).
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Photo : AP/Eduardo Vertugo

Comme j’ai eu la chance d’aller au Mexique et à Oaxaca, ce sont des nouvelles qui m’ont beaucoup attristées, quoique pas forcément surprises. Alors j’ai retrouvé mon carnet de voyage. Voici ce qu’il racontait d’Oaxaca[1] à quelques semaines de l’an 2001 :
… J’ai l’impression d’être vraiment au Mexique par rapport à l’immensité de Mexico D.F[2]. L’endroit est très beau, un peu trop même ! On se croirait dans une carte postale ! Le zocalo[3] est bordé de grands arbres, il y fait frais, le ciel est très bleu, l’ambiance est douce, l’architecture est magnifique… Les petites rues, les maisons coloniales peintes de couleurs vives… Il y a des libraires, des galeries d’art et des boutiques d’artisanat en nombre. Le coin est très visité, par les touristes et les voyageurs. Alors la ville est très cosmopolite : Mexicains, Américains, Européens… Etudiants, Paysans, Indiens, jeunes cadres Mexicains… Tout cela se mélange dans les rues et se retrouve sur le zocalo, au marché, à déambuler sous les arcades, dans le parc, pour écouter de la musique, discuter attablés à l’un des nombreux cafés…

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C’est une ville qui séduit et dont on a envie de tomber amoureux. Le genre d’endroit ou on arrive pour quelques jours et ou l’on reste quelques années. En plus on dirait que toutes les jolies Mexicaines vivent à Oaxaca !
… Ce matin je prend un petit déjeuner sur le zocalo, un petit déjeuner Oaxaquinien fait d’une crêpe au mole[4] et au poulet cuite dans une feuille de bananier et avec des œufs Mixtecos parce que j’ai faim… Promenade dans Oaxaca, plein de photos, pleins de choses à voir. J’entre dans pleins de bâtiments qui s’ouvrent sur des cours intérieures, couvertes de fleurs et de cactus plantés dans des pots. Souvent il y a des fontaines et des bancs pour pouvoir s’installer au frais. Certaines cours sont décorées d’azulejos[5]. Le soir j’écoute un peu de musique sur le zocalo, on dirait qu’il y a un concert tous les soirs, sans compter la musique qui déborde des bars et des boites ou se retrouve la jeunesse dorée Mexicaine (vu les fringues et les voitures, il s’agit visiblement de la jeunesse dorée).

A part la musique, les Mexicains sont friands de manifestations. Ils manifestent pour tout, les sujets semblent ne jamais manquer : revendications politiques ou sociales, pour la terre (qu’il s’agisse de la posséder ou de la préserver)… La manif a l’air d’être un principe civil fréquent et admis dans la société Mexicaine, mais on y sent souvent une virulence qui ne demande qu’à trouver l’occasion de s’exprimer. Ca ferait rêver nos syndicats ! Et par exemple aujourd’hui ce sont les écoles qui manifestent, avec police municipale et fanfare en tête. Une manif’ « bon enfant » forcément ! Cette fois il s’agit de manifester pour faire respecter le code de la route.
Les enfants traversent la ville sur leurs vélos, leurs tricycles auxquels sont accrochés des ballons multicolores. Les ados sont dans les fanfares, les mamans et le personnel scolaire accompagnent les gamins avec pancartes et drapeaux et chaque école défile comme ça l’une derrière l’autre. Je repère même une école qui se nomme Yves Piaget, du nom du psychologue pour enfant… Plus tard je verrais une manif d’étudiants pour réclamer un élargissement du nombre d’inscrits en fac. Il y a des choses qu’on peut retrouver partout… En tout cas, dès que quelque chose ne va pas –et les raisons n’ont pas l’air de manquer – les Mexicains manifestent.

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Mais ils ne font pas que ça. A Oaxaca (comme à Mexico D.F.), une chose que j’ai remarqué, c’est la manière dont les amoureux Mexicains s’embrassent. Ce ne sont ni des bisous rapides et furtifs, presque avortés façon couple en course du week end. Ni des bisous supra langoureux et qui n’en finissent pas façon retrouvailles d’amants de 5 à 7. Non, ce sont des baisers très simples mais très tendres, échangés plus que donnés. En tout cas, ils sont presque toujours accompagnés de cette petite vibration subtile qui fait plaisir à ressentir.

Puisque je n’ai pas de baiser à me mettre sous la dent à cet instant je vais prendre un chocolat au Terranova, un chocolate caliente. Servi très épais et un peu parfumé à la canelle, c’est mucho bueno ! Près du marché on trouve pleins de petites fabriques qui fabriquent du mole et du cacao. Tout le quartier est embaumé par ce parfum spécial, et ça sent bon. Il y a une famille Mexicaine avec un bébé à côté de moi. Leur bébé est trognon et curieux de tout. Je lui fais des sourires et des grimaces, ça lui plaît bien. Sa maman le promène un peu, il veut venir me voir, tend sa main et la retire au moment ou je tend la mienne. On joue à cache-cache comme ça un moment, ça nous amuse bien lui et moi. Mais pour réussir à tenir debout il a besoin d’un autre point d’appui. Je lui tend ma main, et cette fois il s’agrippe à mon index comme un forcené pour pouvoir rester debout. Il me fait confiance et me remercie avec des sourires grands comme ça. Je demande son nom à sa maman, c’est Carmen. Et comme je dois partir, je lui dit « Adios Carmen ! », sa maman le lui répète, elle entend son nom et pousse un petit cri de contentement.

… Je pars faire un tour dans les villages autour d’Oaxaca, voir à quoi ça ressemble. Je me dirige vers la gare routière de seconde classe[6] pour aller à Pocotlan ou Tlacolula. Une fois à la gare je me fais l’impression d’être un banquier Suisse débarquant à l’assemblée nationale du quart monde. Je me dirige vers deux policiers pour qu’ils m’indiquent l’emplacement des bus. Ils me conseillent le taxi colectivo, pas plus cher et plus rapide, et m’expliquent ou les trouver.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Me voilà déjà très loin de l’ambiance du centre d’Oaxaca, au milieu de la foule, des miséreux qui vendent des objets à 2 pesos à même le sol, des Mexicains en haillons qui ont l’air de se débrouiller chaque mois avec ce que je dépense en une journée. C’est l’autre côté de Oaxaca et du Mexique. La pauvreté au Mexique, même dans cette région plutôt riche, est loin d’être limitée et anecdotique. Ca doit expliquer pas mal de manifestations.
Le principe du taxi colectivo est des plus simples. C’est une voiture qui se rend à la destination indiquée sur son pare-brise une fois que toutes les places disponibles sont prises. Les places disponibles c’est 3 ou 4 personnes à l’arrière et deux devant en plus du conducteur. Je commence à mieux comprendre le sens de la manif des écoliers pour le code de la route…

C’est comme ça que je me retrouve à l’avant (le luxe) d’un taxi colectivo pour Tlacolula, assis en plus du chauffeur en compagnie d’un Mexicain de

1 mètre

cube ! A l’arrière, 4 femmes chargées de paquets qu’elle vont vendre au marché de Tlacolula. Manque plus que quelques poules ou lapins. Fastoche ! On fait comme ça une trentaine de kilomètres sur des routes plus ou moins bosselées, jusqu’à Tlacolula.
L’arrivée sur place n’est pas très engageante. Les constructions éparses sur des terrains vagues sont plus ou moins terminées, les fers à béton sortant des murs et poutres un peu partout comme un gros hérisson préhistorique. Le jour de marché se matérialise par des vendeurs installés dans tous les coins, descendus des collines et montagnes du coin. C’est une foule compacte de Mexicains, d’Indiens, de gosses, de familles en promenade du dimanche et de quelques touristes qui se pressent dans les ruelles du village. Il fait très chaud et des toiles suspendues au dessus des ruelles nous protègent du soleil. Sur les étals on vend de tout : meubles, aliments, vêtements, outils, jouets, souvenirs, tapis, hamacs… tout… Entre la chaleur et la foule, l’endroit devient vite étouffant et fatiguant. Je fais des stops réguliers pour m’acheter des gobelets emplis de quartiers de papayes, d’ananas et de pastèque tous frais, ou un grand verre de jus de citron frais aussi. Délicieux !

Mais bon il faut rentrer…

… Dernière soirée à Oaxaca, ce soir je prend un bus de nuit pour aller sur

la Côte

Pacifique.

J’ai laissé mon sac à dos à l’hôtel, et je profite d’une dernière ballade en ville. Je vais m’asseoir sur un petit muret, face à l’église Santo Domingo. Il fait doux, le ciel est clair et plein d’étoiles. Une gamine de 6-7 ans s’approche, et s’assoit à côté de moi. On reste là sans rien se dire, à prendre l’air. Au bout de quelques minutes elle se tourne vers moi, me prend la main et me dit : « Tu vois, on n’est jamais seul ». Et puis elle descend du muret et s’en va en me faisant un petit signe de la main.


[1] Oaxaca : ville principale de l’état du même nom. Prononcer ‘Oahraca’ enfin… approximativement.

[2] Mexico D.F. pour Distrito Federal : abréviation courante pour désigner Mexico City.

[3] Zocalo : désigne la principale place et le centre du village ou de la ville.

[4] Mole : une sauce à base de piments et de chocolat qui accompagne de nombreux plats. Ca n’a pas l’air mais c’est super bon !

[5] Azulejos : carreaux de faïence décoratifs, très fréquents aussi en Espagne.

[6] Les mexicains se déplacent beaucoup en bus et autocars. Les gares et bus de 1ère classe sont des cars climatisés et plutôt confortables. La seconde classe est moins chère et… euh… moins tout. Quoique souvent pittoresque.

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Commentaires
L
> Fauvette.<br /> Effectivement, c'est encore ce qu'il y a de plus simple et accessible !!!
F
Bon pour l'instant contente-toi de voyager dans ta tête LVN !<br /> Bonne journée.
L
> Fauvette.<br /> Le Mexique n'est pas vraiment un pays politiquement tranquille. Dommage pour eux, car sinon franchement... et en tout cas pour la majorité de ceux que j'ai rencontré, -on va donner dans la généralité- ce sont des gens vraiment accueillants, curieux et chaleureux.<br /> Mais c'est souvent le cas quand on voyage non ?<br /> :-)<br /> <br /> <br /> > Anne.<br /> Le sens des priorités en prend un coup cette semaine c'est vrai ! Mais je reprendrai bien des vacances (même engagées) à Oaxaca tu as raison.
A
Dis donc, tu es parti prêter main forte là-bas ou quoi ? (Ou alors faut que j'aille expliquer à ton patron le sens des vraies priorités...).<br /> <br /> Bisous.
F
Beau voyage avec toi au Mexique merci LVN globe-trotter.<br /> <br /> Non, les nouvelles ne sont guère rassurantes, les grévistes ont donc été délogés avec violence.<br /> Et pourtant leurs revendications me paraissent tellement justes.<br /> J'ai vu il y a 1 mois environ un reportage sur ce mouvement (je pense que c'était sur France 2, l'émission Envoyé Spécial).
L a V i t a N u d a
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