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19 janvier 2006

Quand La Télé N'est Pas Tout à Fait Inutile.

La meilleure émission télé du moment n'est pas diffusée sur France2, ou France3, pourtant des chaînes publiques et nationales. Elle est diffusée sur LCI, Itélé et la chaine parlementaire.

De quoi s'agit-il ? Il s'agit des auditions de la commission d'enquête créée suite a cette énorme et tragique erreur, échec, faillite de notre système judiciaire lorsqu'il a condamné à tort pour fait de pédophilie des innocents. L'affaire Outreau.

Je ne reviens pas dessus, tant j'imagine que tout le monde en a entendu parlé, et a été horrifié pour les victimes et ensuite par la façon dont on a condamné des innocents (dont l'un est mort en prison).
Je ne veux pas non plus m'exprimer pour le compte de ceux-ci (les enfants, et les victimes du procès), pas plus que désigner des coupables, dénoncer une institution judiciaire et un système à bout de souffle. Cela ressort justement des travaux de cette commission qui ne sont pas terminés. Et malgré l'indignation je pense qu'il est juste d'attendre les conclusions de leurs travaux.

Simplement une chose.
Ce que je pense, c'est que dans cette histoire aucun citoyen de ce pays ne devrait manquer de s'interroger sur le regard qu'il porte lui-même sur la notion de crime et de justice.
Car cette histoire tragique ce n'est pas que la faillite d'une justice à charge et sans humanité, ce n'est pas que l'exploitation qu'en ont fait les médias (dont on attend également une capacité à se remettre en question qui paraît leur faire défaut, à part quelques rares exception), ce n'est pas seulement non plus un aboutissement absurde d'une société en quête d'une justice absolue, en recherche permanente de coupables à désigner pour toute chose, et d'une judiciarisation générale de toute chose dans notre monde aujourd'hui.

C'est que cette histoire horrible nous renvoie chacun également à tout ce que l'être humain peut avoir de plus terrifiant en matière de pulsions primitives et mortelles. Elle nous renvoie à un absolu du pouvoir et du désir fou et malade qui transforme les autres, l'autre, en objet vide et sans conscience, mis à la merci d'une barbarie inhumaine.

Elle nous renvoie à ce qu'il y a de plus terrifiant en l'être humain, aux tabous les plus violents que nous pouvons porter et pour lesquels l'éducation, la culture, la société dans ses sens les plus larges constituent des gardes-fous d'habitude suffisement efficaces.
Le fait que ces violences se soient exercées sur des enfants est aussi souvent une horreur ultime, dans le sens ou elle vient détruire toute idée de descendance et de transmission de notre propre vie, et aussi dans le sens ou c'est notre propre enfance que de telles histoires menacent de détruire.

Et par rapport à de tels actes, et à tous ce qu'ils peuvent provoquer en nous, il ne faut pas oublier une chose. Une chose qui est de l'ordre d'un instinct de protection et de survie :
"Une part de nous ne veut rien savoir de ce genre d'horreur".
C'est trop violent, trop destructeur. C'est tout simplement insoutenable, et donc nous ne voulons pas voir, pas savoir, pas comprendre. C'est tout simplement trop dangereux pour que nous laissions de tels actes et leurs conséquences nous approcher mentalement.

C'est quelque chose que nous ne devons pas oublier quand aujourd'hui on juge de la cécité et l'incompréhension de la justice. Quand on a pas su écouter comme il convenait les témoignages des enfants victimes et des accusés innocents. Quand -comme souvent dans ces cas-là- on se rend compte que ni les voisins, ni l'entourage, ni les services sociaux n'ont également ni vu, ni compris. Quand un juge d'instruction, malgré l'évidence, continue à affirmer qu'il a conduit "son affaire" comme un "bon technicien de la justice". Quand la police n'a pas fait son travail en traquant des aveux pour trouver des coupables plutôt qu'en recherchant la vérité des faits.
Rappelons quand même qu'il a fallu de nombreuses réactions pour que ces débats ne soient pas conduits à huis-clos.

Et oui.
Au bout du compte, personne -tout au fond du fond- ne veut entendre et encore moins comprendre ce genre d'horreur. Il faut qu'on l'éloigne de nous, que dans un même mouvement, les victimes et les condamnés soient écartés et mis au loin. Mais comme nous sommes "civilisés" que cela soit déguisé sous une l'expression "justice est faite". C'est le prix que nous faisons payer à ceux qui portent ce genre d'histoire. Et je crois qu'il vaut mieux le savoir.

C'est pour cela que la diffusion en quasi continu de ces débats est importante.
Parce que c'est une occasion d'écouter tous ceux qui ont été pris dans ce cataclysme dont on ne sortira pas de sitôt, puisqu'on en viendra -je l'espère- a enfin comprendre que La Justice a un prix et que ce prix est fort.
Il faut des institutions et des moyens qui lui permette de fonctionner. Il faut de vraies compétences et un savoir-faire plus que des techniciens.
Et surtout il faut être capable d'entendre et d'écouter.
Nous aussi.
Vous.
Moi.

outreau_20le_20monde

Et aussi : Soutien à Garfieldd.

Pour vous informer sur la révocation d'un proviseur pour cause de blog, et éventuellement apporter votre soutien, voici quelques liens  avec de quoi vous faire votre propre opinion. En ce qui me concerne, elle est faite. J'accompagne tous les bloggeurs (et ils sont nombreux) qui estiment que les reproches faits au blog de Garfieldd sont infondés, réactionnaires et surtout très très très stupides et intolérants.
http://embruns.net/logbook/2006/01/18.html#003244
http://dangereusetrilingue.net/
http://www.lci.fr/news/france/0,,3279247-VU5WX0lEIDUy,00.html
http://www.lci.fr/news/multimedia/0,,3279328-VU5WX0lEIDUy,00.html

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Commentaires
L
> Anne.<br /> Oaf ! On n'est plus à une contradiction prêt !<br /> <br /> > Gilda.<br /> C'est bon , de trouver le temps et l'envie d'écrire en ce moment aussi Gilda.<br /> :-)<br /> <br /> > Barnabé.<br /> Oui je suis d'accord, ce genre de choses ébranle beaucoup de nos vraies ou fausses certitudes.<br /> C'est peut être bien la seule "bonne" conséquence de toutes ces horreurs (non, je ne parlerai pas de "rôle bénéfique").<br /> Car à rester dans nos certitudes, sans jamais les interroger, c'est faire le risque de passer à côté de l'essentiel, et de reposer sur des institutions dont on ne privilégie que les mécanismes (la forme) plutôt que le rôle (le fond).<br /> N'est ce pas ce qui a été démontré par ce "procès Outreau" ?
B
A la fin de tout cela, j'en ai conclu que je n'étais pas sûr au fond de moi que les coupables étaient coupables et que les innocents étaient innocents.<br /> Et douter de cela, ça ébranle l'ensemble de la société que l'on nous vend tous les jours depuis notre naissance.
G
C'est bon de te lire, LaVita.
A
Ahem. Voilà disons ça. (mais admirons quand même la cohérence dans la répétition du propos, j'en connais qui seraient EN PLUS capables de se contredire !).<br /> <br /> :-D
L
> Fazou.<br /> En effet, les victimes sont elles aussi à nouveau victimes du silence qui veut qu'on préfère nier la réalité de telles choses (y compris en faisant le choix de leur surexposition).<br /> A tel point qu'il n'est pas rare qu'elles soient nombreuses à choisir le silence également.<br /> <br /> > Anne.<br /> Ah ben non, le(s) commmentaire(s) sont là !<br /> :-)<br /> Mais il y a des choses, ça va mieux en les disant 2 fois.
L a V i t a N u d a
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