Une Bouteille A La Mer.

Dimanche soir, un peu désoeuvré j’en étais réduit à allumer la télé, armé de la fatale zapette. Au gré de la revue rapide de ce qu’il pouvait y avoir à regarder je suis arrivé à un moment devant les tronches de Fogiel et son acolyte Guy Carlier.

ONPP on m’en a parlé assez souvent, me conseillant de voir cette émission paraît il pas comme les autres et ou tout le monde en prend pour son grade.
Alors j’ai regardé. Une fois, cet été pendant les vacances parce que papa ilregarde la télé. Et j’y ai vu un animateur qui ne laisse pas ses interlocuteurs parler, qui croit qu’il doit faire les réponses à leur place parce que lui il sait et que les autres –on ne sait jamais- ils disent pas les choses. Et surtout qui passe son temps à critiquer l’usage des médias que font les dits invités, des profiteurs du système comme tous les autres, alors que son émission elle, elle en fait bien partie du dit « système » (mais de quel système parle t’on) et qu’il en utilise lui-même toutes les ficelles.
Passons.
Ayant rangé cette émission dans la même poubelle que les pseudos débats de Delarue je m’apprêtais à zapper illico quand mon oreille retint une phrase de Guy Carlier, le faire valoir, le mieux disant poil à gratter et caution culturelle de l’émission.
Il disait : « … c’est comme les blogs, c’est rien de plus qu’une bouteille jetée à la mer par des paumés en manque d’amour. ». Enfin, c’était quelque chose comme ça, je cite de mémoire.
Guy Carlier j’avais des souvenirs de lui dans des émissions radio sur France Inter ou il était parfois assez marrant. Je m’interroge toujours sur la raison de sa présence dans cette émission. Il a peut être besoin d’argent, ce qui n’excuse pas toujours tout.

Sa phrase me laissait penser qu’on avait dû parler des blogs dans cette émission, et que ce qu’il en restait c’était ça : blog=détresse=un truc pour paumés.
Intérieurement j’essayais d’imaginer la teneur des 7mn réglementaires consacrées par Fogiel au sujet des blogs, et les bloggeurs. Houlala, ça a dû être quelque chose ! Les bloggeurs ont dû passer pour de sacrés connards, au mieux de braves simplets.J’ai aussitôt zappé, l’allergie ONPP commençant à faire effet.

Restait : « comme une bouteille à la mer ». L’expression de Carlier qui semblait autant plaindre que moquer les bloggeurs perçus par lui comme des malheureux ou des victimes supplémentaires de cette vie moderne vide et creuse.
Je pensais qu’il n’avait pas tort. Qu’il y en a des blogs ou l’on sent la solitude et le chagrin, et le post lancé comme une bouteille à la mer dans l’espoir de trouver des commentaires qui font qu’on se sent moins seul, qu’on se sent entendu, écouté et compris.
J’étais en rogne après lui aussi, comme si les blogs ça n’était que ça. Comme si tout pouvait être réduit à cette compassion un peu méprisante au fond. Et comme si de nombreux blogs n’avaient pas montré dans tant de domaines une capacité à animer la réflexion, les débats, la vie quoi. A quoi avaient servi ces blogs au moment du référendum sur la constitution ? A quoi servent les blogs tenus par des journalistes pour échapper à la censure d’un politiquement correct que Guy Carlier n’aime pourtant pas beaucoup ? A quoi servent ces blogs clandestins qui fleurissent dans les coins et recoins ou la liberté d’expression n’existe pas ? Etc…

Bouteille à la mer.
L’expression restait quand même. Je pensais que « mais alors tout est une bouteille à la mer ». Une chanson, une peinture, un livre, une danse, un bon petit plat (une blanquette ou un gâteau au chocolat par exemple !), faire un enfant même parfois…
Tout cela qu’est ce que c’est sinon une bouteille à la mer ?
C’est bien l’acte d’une personne qui se dit, je vais faire ça et je vais voir si il y a du monde que ça intéresse, et si oui tant mieux, ça veut dire que la vie n’est peut être pas vaine ! Même une chronique télé ou radio ça peut aussi être une « bouteille à la mer » Mr Guy Carlier ! Et vous le savez bien.

Effectivement, c’est une bouteille à la mer contre la peur d’une existence sans substance, incarnée dans le vide et le rien, tout juste masquée par les effets du spectacle et du factice dont on préfère parfois se parer pour masquer un moment la réalité de nos sentiments.
Une bouteille à la mer contre le vide qu’on éprouve à regarder ONPP.
Fogiel et Carlier n’avaient rien compris aux blogs, et de toute façon ce n’était pas leur intention.
Et ben vous savez quoi !?
D’un seul coup je me suis senti soulagé qu’ils n’y comprennent rien. C’est bien mieux pour tout le monde.

Comments

[Vroumette]

Là où je t'admire c'est que 5 minutes de Fogiel te donne l'insparition d'une note pareille (c'est un compliment). Qu'est ce que ça aurait donné si tu avais regardé l'émission entière !
Comme d'habitude je n'ai pas regardé la télé, mais c'est bien grâce aux blogs que je suis au courant de nombre de sujets et de polémiques qui sont débattus sur la toile. Je trouve même qu'on arrive à obtenir une information plus "vraie" grâce aux nombreuses informations que l'on peut recouper.

[LaVitaNuda]

> Anouchka.
C'est pas faux comme remarque.
Je dois à cette note ta première intervention ici d'ailleurs (welcome).
Mais je crois que les bloggeurs aiment bien la polémique aussi (souvent sur le ton de "pour faire cesser toute polémique, je dirais que... etc...) !
Et c'est vrai que pour l'instant en dehors de la presse, j'ai rarement entendu dans les médias un commentaire sur les blogs un tant soit peu intéressant.

[anouchka]

Rarement bouteille à la mer aura fait couler autant d’encre… On ne parle que de ça sur les blogs ces jours-ci.
Le blogeur est quand même un poil susceptible, non ? Il a réagi au quart de tour sur ce coup là. Pourquoi ne pas traiter par le mépris ?
(bon, moi aussi j’en ai parlé)
C’est la première fois que j’interviens, mais cela fait un moment que je lis tes notes avec plaisir et intérêt.

[LaVitaNuda]

> Jean Michel.
Hi hi hi !
(pas grand chose d'autre à rajouter à la pertinence de ton commentaire).

> Fauvette.
Un horrible pressentiment m'étreint. Pendant qu'on déblatère sur la télé on ne réfléchit pas à d'autres choses. Et si par hasard la télé servait justement à ça : à détourner l'attention.

> Phany.
Hum, il me semble discerner une dimension cachée dans ton commentaire ?
:-)
N'oublies pas également les thèmes tels que :
- notre professeur nous oblige à ouvrir un blog en classe.
- l'éducation nationale : pro ou anti blog.
- les professeurs virtuels vont ils un jour remplacer les vrais ?
Hi hi hi...

[phany]

Et bientôt c'est Delarue qui s'emparera du sujet :
"Comment j'ai vécu avec un mari bloggeur.
Comment ma vie été bloggolisée.
Comment peut-on vivre son après-blog..."
Et les pharmacies vendront des produits pour arrêter de bloguer...et pour soulager les souffrances des bloggeurs. car qui blogue, souffre, c'est bien connu.