Vous connaissez Massoulier ?
Vous connaissez Massoulier ?
Massoulier est l’homme invisible des films de Truffaut. Dans « Vivement Dimanche », il est la victime tuée d’une balle dans la tête. Ce sacré Massoulier il est aussi dans La Mariée Etait En Noir cité par un des personnages comme s’étant envoyé en l’air avec une hôtesse de l’air (ça va ensemble), dans Les Deux Anglaises Et Le Continent on a failli assister à une soirée chez Massoulier, ainsi que dans Le Dernier Métro.
Toujours dans les bons coups ce Massoulier !
« Vivement Dimanche » ce n’est pas seulement la pénible émission de Michel Drucker qui plombe les dimanche après-midi pluvieux passés chez vos parents depuis des siècles. C’est un des Truffaut les plus rigolos.
Julien Vercel (Trintignant) accusé à tort du meurtre de ce crétin de Massoulier s’enfuie et essaye de mener l’enquête. Mais en fait c’est surtout sa secrétaire Barbara (Fanny Ardant) qui va réussir à dénouer les fils de l’intrigue en se prenant au jeu de l’enquête elle aussi, et par amour pour son grand couillon de patron.
Vivement Dimanche est micro-truffé de références de toutes sortes et d’hommages de Truffaut au cinéma et aux cinéastes qu’il aime. Une raison de plus peut-être d’avoir tourné ce film en noir et blanc, lui qui regrettait souvent d’avoir à utiliser la couleur. Et en même temps de retrouver une ambiance de polar (le film vient d’un policier de Charles Williams, auteur de Fantasia Chez Les Ploucs).
Mais surtout, ce film est porté par une sorte d’allégresse que promène Fanny Ardant à elle toute seule. Autant le dire, le contenu et le fond du film ne pèsent pas bien lourd. Mais quel rythme ! Son côté film noir sautillant emporte le morceau.
Quand tous les personnages sont un peu sombres, englués dans leur mentalité vaseuse : La femme de Vercel, assassinée elle aussi, n’aime que le jeu et l’argent, traîne du côté de la prostitution et des courses. Vercel est obsédé par les blondes platines. L’avocat de Vercel, Maître Clément est un jaloux possessif et obsessionnel qui s’embarque dans un discours halluciné et hilarant sur les enfants qui ne veulent pas prêter leurs jouets…
La seule qui traverse tout cela avec un mélange d’enthousiasme et d’inconséquence enfantin, allié à un pragmatisme résolument adulte c’est Barbara / Fanny Ardant. Truffaut était amoureux, et ça se voit à l’écran.
J’avoue que ma sympathie pour Fanny Ardant n’a pas été immédiate. Sa façon de « choucrouter » en parlant, j’ai eu du mal à m’y faire. Mais il faut croire que c’est une constante avec les héros Truffaldiens (Léaud, Truffaut lui-même, etc…).
Mais dans ce film (et bien d’autres) elle est irrésistible.
Mais bon, avec tout ça, me voilà contraint, forcé, obligé, plié à… trouver un point commun entre Vincent Delerm et moi. Et encore, si ce n’était que ça !
Mon proverbial goût pour les chansons d’endives trop cuites, et le style bobo exténué de naissance par l’irréalité de sa vie du Delerm fils s’est complété d’inquiétantes nouvelles :
Il aime Fanny Ardant comme moi.
Il a fait une maitrise de Lettres Modernes sur Truffaut.
Il a vécu à Rouen (et moi aussi, juste à côté).
Il a vécu à Chatenay Malabry (et moi aussi, juste à côté).
Il porte des lunettes (et moi aussi).
Si ça se trouve je suis le Massoulier de Vincent Delerm !