Responsable - Irresponsable
Je ne sais pas trop ou va m'emmener cette note, sinon qu'elle risque de partir peut-être un peu en live.
On voit beaucoup d'affaires en jugement ces temps-ci, des affaires graves, des meurtres en série, des viols, des pédophiles...
Il y en a presque tant, qu'à chaque nouvelle apparition d'une histoire dans ce genre là, on aurait presque l'impression de s'y habituer. De l'horreur ordinaire. Banalisée aussi par l'exploitation à un degré moindre que font désormais les médias des histoires des travers intimes des uns ou des autres. "Ca fait de l'audience tu vois !"
Depuis les témoignages à la "C'est Mon Choix" ou les pseudos débats de Delarue, jusqu'à tous ces livres de people en mal de reconnaissance qui répandent publiquement dans les rayons "Culture" des hypers le plus personnel et intime de leur vie, et si possible le plus glauque.
Rien qu'avec ça déjà, j'ai de quoi m'énerver pendant une centaine de notes.
Mais je reviens à mes moutons.
Dans le droit Français (et dans biens d'autres), les actes commis sous l'empire de la folie exonèrent leurs auteurs de poursuites pénales. Les criminels sont jugés irresponsables de leurs actes et ne peuvent être poursuivis. Ce n'est pas nouveau, on retrouve trace de tels jugements jusqu'au moyen-âge et peut être même avant.
Tout le monde peu comprendre cette notion. Comment condamner quelqu'un qui n'a même pas conscience de ce qu'il est, et de ce qu'il a fait.
Le temps et le progrès passant, il faut bien reconnaître aussi que les fous dangereux ne sont plus autant en libre circulation sur le pavé de la société "bien pensante" ou "pensante" tout court. Les types qui se prennent pour Hitler et veulent gazer au Sanex hypoallergénique leur voisins ou envahir la pologne du haut d'une trotinnette sont vite repérés, et emmenés dans l'asile le plus proche. Là on les soustrait à notre regard, et au leur à grand coups de psychotropes. Je sens que là aussi, j'ai de quoi faire une cinquantaine de notes.
Mais on n'arrête pas le progrès, surtout quand il déboule en rouleau compresseur, sponsorisé par Kinder Surprise avant les débats subtils de "Tout le Monde en Parle".
Désormais, il faut prendre en compte les "fous à temps partiel" si je puis dire. C'est à dire les gens animés de pulsions meurtrières, mais pas en permanence. Les gens qui savent qu'à un moment ils deviennent possédés d'une partie malade d'eux mêmes, mais ne peuvent pas y résister. Les moteurs de ce genre de perversions sont assez élaborés, mais ce serait au prix d'une cinquantaine de notes supplémentaires.
Bref toujours est il que finalement ces malades se font pincer.
Souvent tard, très tard, bien trop longtemps après que les faits aient été avérés à de multiples reprise mais... (encore une dizaine de notes !).
Ils plaident la folie, la pulsion meutrière, les sévices qu'ils ont eu même subis, le contexte... Tout ce que vous voudrez. Et c'est souvent vrai.
Si les examens concluent à l'existence de ces épisodes de folie furieuse, ils ne peuvent être condamnées, ni jugés responsables de leurs actes.
C'est là que moi je me pose une question.
Si ils sont estimés responsables ils sont alors coupables.
Si ils sont estimés irresponsables au moment de l'acte, alors ils ne peuvent être jugés et partent malgré tout (heureusement) vers l'asile le plus proche.
Notre système ne prévoit pas d'autres alternatives.
Pourtant moi je crois qu'il y a quelque chose à revoir du côté de la responsabilité.
Non seulement parce qu'il y a des victimes, et que le fait que la société en nommant les responsabilités, permet ainsi à celles-ci (si elles sont toujours de ce monde) et aussi à leur famille de pouvoir se dire qu'on leur a rendu justice (10 notes encore).
Mais aussi, parce que je crois que toute société civilisée doit se dire que les criminels, ceux qui sortent du système, doivent y retourner un jour (le jour ou cela sera possible), et qu'il faut donc préparer l'avenir pour eux comme pour nous.
Alors est ce qu'il ne faut pas aussi signifier à ces individus que par ailleurs on aurait pourtant bien envie de pendre à la branche la plus proche (10 notes), qu'ils sont responsables. Responsables parce que leur folie n'est que passagère, parce que pour eux aussi on peut espérer que si il y a une reconstruction possible, c'est à partir du fait que la société leur dise qu'ils sont responsables d'avoir franchi des limites intolérables, insupportables, et que pour revenir dans la communauté des hommes un sacré boulot les attend.
Au lieu de ça la notion d'irresponsabilité me paraît souvent n'être une sorte de panier à linge sale, dans lequel on envoit celui qui a commis l'irréparable vers l'oubli, la négation, le déni de ce qu'il est vraiment et de ce qu'il a fait ou est capable de faire.
Est ce que ce n'est pas pour ça que notre colère éclate, quand on apprend que 5 ans, 10 ans, 15 ans plus tard, le malade et pervers dangereux est sorti de son H.P. et a aussitôt récidivé ?
Pendant tout ce temps, il était placé sous notre responsabilité. Notre responsabilité de citoyen. Et qu'avons nous fait de ce temps. Rien, à part le déclarer irresponsable, y compris au nez et à la barbe de ses victimes à venir.
Au bout du compte, les irresponsables c'est nous aussi (1000 notes).
Le Lotus Bleu