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23 novembre 2004

La Fin

Non, pas la fin de ce blog (sûrement pas). Juste une note pour rompre avec mon sujet du moment. C'est cette vignette de Tintin au Tibet qui m'y a fait penser. Juste l'histoire d'une première grande frustration de gosse. Un moment qu'on connaît tous, mais qui -pour chacun de nous- est sûrement toujours différent.

Je suis en train d'entrer au cours préparatoire. Et j'ai droit à la visite médicale standard. Grande première. Les médecins remarquent quelque chose de bizarre. Ils me cachent un oeil puis un autre et me font deviner ce que je suis censé voir au loin. Leur diagnostic est sans appel, je suis un bambin en cours de bligleutisation intensive. Les gènes maternels ont été les plus forts de ce côté-ci de mon anatomie, et me voilà affublé bientôt d'une magnifique paire de lunettes. Et à l'époque c'était pas du tout tendance dans les cours de récré. J'écope de charmants surnoms du genre : bigleux, quat'z'yeux (comme dans la chanson* de Randy Newman), serpent à lunettes et autres trucs du même genre. Arf.

Mais ceci n'est rien comparé à l'effondrement instantané de mon rêve de gosse. Jamais je ne serais pilote, jamais je ne deviendrai astronaute. Je sais bien que c'est de toute façon une tare rédhibitoire. As t'on déjà vu un Gagarine à double foyers, un John Glenn de chez AffleFlou, ou un équipage Appollo avec des lunettes par dessus la verrière de leur scaphandre. Katastroff ! Maledikchieune !
Voilà un destin contrarié pour la vie.
De quoi être fâché avec Dieu pour longtemps (hé hé), lui et sa foutue loterie génétique, qui me cloue au sol et m'empêche de monter à bord d'une fusée pour que je vienne lui coller un bourre pif bien mérité.

Mais voilà, je l'aurai eu à l'usure l'animal.
Je l'aurai mon nom, accroché au bout d'un rêve d'avion à réaction, de pirouettes en état d'apesanteur. Même si ça ne pourra pas être à bord, je l'aurai un jour, je l'aurai.
Voilà comment des années et des années plus tard on finit par s'occuper de marketing pour du transport aérien. Même si les aléas personnels et estudiantins ont été assez erratique, façon corps interstellaire en promenade intersidérale, malgré les problèmes de comptes à rebours j'ai quand même atterri dans la zone prévue par la fenêtre de tir initial.

Mais si l'histoire s'arrêtait là.
Aujourd'hui ce monde ne m'intéresse plus. Il m'est aussi accueillant qu'une planète de glace en circonvolution autour d'un soleil mort. J'ai déserté le poste de pilotage puisque celui-ci est de toute façon toujours en pilote automatique. Mon beau badge qui me donne accès à des zones de Roissy interdites au simple mortel ? M'en fous. L'odeur du kérosène ? Plus rien. Le décollage en 3 phases d'un A340, ou d'un B777 ? Prout.
Subsiste le prestige de l'uniforme des hôtesses (hum, hum).
Et un dernier souvenir terrible. Celui d'avoir vu passer Concorde en flamme au dessus de moi, dans mon bureau. Et le bruit assourdi par le triple vitrage, au moment du crash 2 km plus loin. Même aujourd'hui, j'ai encore du mal à croire ce que mes yeux ont vu.

Je suis passé à autre chose. Cette passion est morte et enterrée. Et ça fait un peu bizarre d'enterrer un rêve d'enfant.

Mais vous savez quoi ? J'ai trouvé mieux pour pouvoir voler.

Tintin au Tibet.

One September morning when I was five
My daddy said, "Son, rise from your bed."
I thought, I must be dreaming, it's still dark outside
He said, "Son if you fall behind you'll never get ahead
Here's your little brown cowboy shirt, put it on
Here's your little brown cowboy pants, put 'em on
Here's your little brown shoes, can you tie them yourself?
Get into the car, we're gone!"

We drove, it seemed like forever,
Further than I'd ever been away from home
Then my daddy stopped the car, and he turned to me
He said, "Son it's time to make us proud of you,
It's time to do what's right
Gonna have to learn to work hard"
I said, "Work? What are you talking about?
You're not gonna leave me here, are you?"
He said "Yes I am!"
And drove off into the morning light

For a while I stood there, on the sidewalk
A Roy Rogers lunch pail in my hand
Then I heard sweet children's voices calling
And I began to understand
They said, "Four eyes! Look like you're still sleeping!"
"Four eyes! Look like you're dead!"
"Four eyes! Where have you been keeping yourself?"
"Look like you been whupped upside the head."

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Commentaires
P
Rêve de pilote, moi aussi. Bigleux, moi aussi. J'habitais près d'une base aérienne. C'était au temps où les Mirage pouvaient encore se permettre les passages de mur du son.<br /> <br /> Blam, blam ! Les vitres qui vibrent, et moi qui fonce sortir ma mobylette, pédale comme un dératé pour lancer le moteur, et nez dans le guidon qui fonce en bout de piste voir les jets revenir.<br /> <br /> L'odeur du kérosène, les tympans vrillés quand ces machines passaient quelques mètres au dessus de ma tête, pour se poser dans un grand nuage bleu de pneus cramés. Puis le parachute de freinage qui s'ouvre... et les gendarmes qui arrivaient pour me faire déguerpir. "C'est un terrain militaire là, interdit de stationner, circulez !".<br /> <br /> En Bretagne, en vacances. Un juillet moite et un gros titre sur un journal : CRASH DU CONCORDE - 113 morts<br /> <br /> Ma femme se décompose et murmure : "113, ils sont tous morts"<br /> <br /> Elle est hôtesse de l'air, et connaissait certains membres de l'équipage qui y sont restés.<br />
P
Blam, blam ! Les vitres qui vibrent, et moi qui fonce sortir ma mobylette, pédale comme un dératé pour lancer le moteur, et nez dans le guidon qui fonce en bout de piste voir les jets revenir.<br /> <br /> L'odeur du kérosène, les tympans vrillés quand ces machines passaient quelques mètres au dessus de ma tête, pour se poser dans un grand nuage bleu de pneus cramés. Puis le parachute de freinage qui s'ouvre... et les gendarmes qui arrivaient pour me faire déguerpir. "C'est un terrain militaire là, interdit de stationner, circulez !".<br /> <br /> En Bretagne, en vacances. Un juillet moite et un gros titre sur un journal : CRASH DU CONCORDE - 113 morts<br /> <br /> Ma femme se décompose et murmure : "113, ils sont tous morts"<br /> <br /> Elle est hôtesse de l'air, et connaissait certains membres de l'équipage qui y sont restés.<br />
L
Merci Gilda.<br /> Est ce le même Slocombe, qui avait aussi fait de la BD à la grande époque de Métal Hurlant ?<br /> Reviens parler lecture ici quand tu veux.
G
N'ayant pas pour ma part "atterri dans la zone prévue par la fenêtre de tir initial" et tentant quoique tardivement de rectifier le tir (avec ou sans lunettes), j'ai forcément été sensible à cette note, sans compter que la vision d'un John Glenn de chez Afflelou m'a effectivement fait sourire.<br /> <br /> Comme je ne peux pas m'empêcher de faire de la pub pour ceux dont j'aime le travail, je me permettrais de suggérer à qui est encore sensible au "prestige de l'uniforme des hôtesses (hum, hum)" de se précipiter sur ... "Averse d'automne" de Romain Slocombe chez Fleuve Noir et qui vient de remporter le prix Sang d'Encre de la ville de Vienne.<br /> [remarquez, "Brume de printemps" du même chez le même n'est pas mal non plus].<br /> Je vous promets d'agréables, dépaysants, drôles torrides, instructifs ou même émouvants moments, en compagnie de l'attachant Gilbert Woodbrooke et d'une ravissante hôtesse de l'air (ou de son absence).<br /> <br /> Bon allez, j'arrête, parce que quand je commence à parler bouquins ... <br />
L
Quelle histoire.<br /> Et une sordide affaire de gros sous derrière.<br /> Pas question qu'Airbus puisse être mis en cause au moment de la sortie d'un nouvel appareil. Trop d'intérêts commerciaux en jeu.<br /> Coûte que coûte il fallait que la responsabilité du piote puisse être engagée. Quitte à ce que la vérité commence à apparaître bien des années plus tard. Une fois que cet avion ait eu le succès commercial que l'on sait.<br /> Vraiment sordide.
L a V i t a N u d a
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