Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L a     V i t a     N u d a
Derniers commentaires
Archives
22 novembre 2004

Trait Spirituel 2

Je vois que vous avez été actifs pendant mon week-end. Je vous fait une note de réponse, car – comme je le pensais – ce sujet fait partie des sujets à tiroirs, il faut en ouvrir d'autres pour ne même pas réussir à faire le tour de la question.

Ce que dit Anastomoses, sur le sens de la quête plus que du résultat me paraît vrai. Chez tous ceux que je connais, il y a ce souci de se connaître, ou mieux se reconnaître peut-être. De mettre fin à un certain nombre de doutes ou d'angoisses personnelles, par une meilleure compréhension de soi-même et des autres. Souvent cela crée des frustrations, car cette envie suppose l'obtention d'un résultat : celui de ne plus souffrir de quelque chose de personnel dont on juge l'importance disproportionnée. Pour l'instant j'en connais peu qui y soient arrivés à ce résultat là. Mais chemin faisant ils prennent conscience d'eux mêmes, s'ouvrent à d'autres expériences ou d'autres mondes qui les font évoluer. Ca c'est plutôt bien, si cela ne les amènent pas à se placer dans une nouvelle forme de dépendance ou les sectes de tout poil peuvent venir glisser leur présence nauséabonde. Ou si cela ne les amène pas à ne voir chaque chose que dans le prisme qu'ils ont choisi, en excluant toute autre possibilité de réflexion.

L'idée du doute aussi est importante, il me semble que « croire » doit toujours s'accompagner d'une forme de doute, afin de conserver son libre arbitre. Un doute refondateur permanent en quelque sorte. C'est bien là que la référence au Boudhisme me paraît être toujours employée. Cette religion, pour les Occidentaux, paraît être porteuse de tous les droits à l'individualité que chacun de nous réclame aujourd'hui. Nos religions Chrétiennes classiques au contraire contiennent toutes des références à un ordre social, une histoire que nous sommes invités à respecter sans contestation possible. Pas question qu'une église ou qu'un Pape ne nous dicte notre conduite, nous fasse une leçon de morale. Et dans l'histoire, même récente l'église Catholique a souvent doublé un discours humaniste de prescription de règles contestables : sur l'homosexualité, la pilule, l'avortement, etc… Vous savez tout ça comme moi. De même, les brebis galeuses de cette religion ont été écartées ou rappelées à l'ordre : pour le meilleur parfois avec les traditionalistes les plus rétrogrades, et pour le pire avec les Prêtres Ouvriers (qui auraient pu maintenir le contact avec ce qu'on appelle « les banlieues »), ou les Prêtres « de gauche » en Amérique du Sud par exemple.

Pour répondre à Miss Lulu, cela a même titillé quelqu'un d'aussi traditionnaliste-scout-toujours qu'Hergé, qui a un moment de sa vie a tellement douté de lui qu'il s'est détourné des réponses habituelles de l'église qui jusque là ne lui avaient jamais fait défaut, pour entamer une quête, ou plutôt une sorte de reconquête… Celle inscrite en creux dans l'itinéraire de Tintin au Tibet. Si ça intéresse du monde, je ferais une note là-dessus.

Mais ça y est je digresse encore.

Car au fond, le Boudhisme, ou le Catholicisme (et toutes les autres), jouent aussi un rôle social important. Le baptême, la communion, le mariage ou l'enterrement sont des étapes qui nous placent aussi dans la société. Lors d'un mariage, c'est bien 2 familles que rien ne réunit, qui viennent constater et authentifier le souhait d'un couple de s'unir. La demoiselle devient alors Madame, non seulement à ses yeux, mais aux yeux de tous. Ces évènements là, placés dans les actes civils comme dans les actes religieux (naissance, mariage, décès) ont donc une portée plus grande que ce que les intéressés ne l'imaginent. On se voit confier un statut, confirmer une étape de notre existence aux yeux de tous, et je crois que ce n'est pas rien, dans l'itinéraire d'une vie.
Alors comme le dit Barnabé, ce sont autant d'occasions de nous rassurer, autant par les autres que par une instance intemporelle, et finalement par nous même, du bon déroulement des étapes de notre vie. Même si aujourd'hui, le religieux « standard » s'éloigne de beaucoup d'entre nous (pour mieux revenir vers d'autres), j'imagine que cela a à voir avec notre « stress existentiel » à vivre. Et effectivement, je crois qu'il n'est pas du tout évident que nous nous rendions compte… d'avoir besoin d'être sous influence de toute façon.
C'est ce qui peut hérisser le poil des athées, qui rejettent tout type d'influence possible sur leur vie. Sans qu'ils se rende compte que l'athéisme est lui aussi une forme de reconnaissance de cette influence. A force de nier quelque chose, on ne fait que signifier sa présence. Une sorte de « Je tiens tellement à vous faire comprendre que ça (Dieu) n'existe pas, qu'en fait j'y crois mais que je ne le supporte pas ».

Donc cette histoire de foi nous pousse tous aux fesses (enfin… Pas touche quand même hein !).

Comme le dit Samantdi, rien de tel qu'une bonne crise de la quarantaine pour ramener le sujet sur le tapis. Car si on a le sentiment d'avoir loupé des étapes dans sa vie, il faut bien essayer d'y trouver des réponses et des solutions. Là aussi, le néo-Boudhisme propose des alternatives du côté « médecine douce » que la religion Chrétienne chez nous a du mal à réinventer.
Adolescents, adultes en crise… voilà les nouveaux adeptes de la recherche spirituelle. Ca se voit même dans les religions classiques, avec un retour de popularité grâce à ces périodes de crise, plus qu'à une adhésion spontanée de jeunesse. On peut prendre aussi l'exemple de l'islam qui permet à beaucoup de jeunes de trouver une place grâce à un discours et une structure que la vie quotidienne ne sait plus leur donner. Mais aussi celui des cadres qui vont se déstresser et retrouver les racines de leur Moi par une retraite dans un monastère.
C'est toute ces populations qui font le succès de toute la galaxie des produits New Age ou associés.

Reste ceux qui sont « habités » ou « portés » par un sentiment de foi profonde et ancien. Je pense que ceux là généralement on ne les entend et on ne les voit pas trop. Ils n'écrivent pas forcément des bouquins évangélistes, ne tiennent pas des conférences ou ils jouent les bons apôtres modernes, ne défendent pas des théories mêlant bon sens et théories fumées à grands renforts de joints. J'imagine qu'ils / elles sont assez discrets dans la vie. Ce sont leurs actes quotidiens qui signent ce en quoi ils croient, et ils n'ont pas besoin de convaincre qui que ce soit. S'ils s'intéressent de plus près au fait religieux, alors ils en lisent les textes (et pas les réinterprétations des businessmen du bien être psychologique). Peut être que Tillie ou Ludécrit se reconnaîtront dans ce portrait. Reste à savoir d'où leur vient ce sentiment profond. Peut être que chez eux, ça fait comme un "TCHANG" ?

Maintenant, quelque soit l'endroit d'où on vient par rapport à une quête ou une crise de foi (il fallait que je la fasse celle là), c'est certainement de toute façon, aussi un moyen de « s'agrandir » l'esprit. Un peu comme le blog permet d'élargir nos perspectives, lire d'autres points de vue et d'images du monde (celle là aussi il fallait que je la fasse), la réflexion dite spirituelle offre quelque chose d'un peu plus exaltant que se réveiller avec Télé Achat. Ceci pour le temps de cerveau disponible à comparer avec les bienfaits de la méditation décrits par Cendre.

Est-ce qu'il y a quelque chose à gagner comme le demande Aude Dite Orium ?
Je ne sais pas. Il me semble que si il y a quelque chose à y gagner au fond, ce n'est pas du tangible, ce n'est pas non plus dans le regard des autres, mais dans l'estime que nous pouvons avoir de nous, pour ce que nous essayerons de faire demain plus que ce que nous avons déjà fait. C'est pour cela peut être que le trajet compte plus que le résultat.

A suivre.

PS : Barnabé : je crois que tu as bien fait de t'abstenir. Les oreilles du Web ont un sens limité de la compréhension et de la tolérance. Enfin, ça dépend de ce que tu voulais dire. Mais merci quand même.
 ;-)
A Tous : Etant sous surveillance en ce moment, pardonnez moi si je vous rends un peu moins souvent visite. C'est temporaire.

Tintin Au Tibet

Publicité
Commentaires
L
Oui, d'accord sur le "relier" du religieux. Et du religieux comme ferment social supérieur aux ferments temporels.<br /> Mais il y a les contestataires. Ceux qui refusent de se "relier" par ce moyen là.<br /> Qu'est ce qu'il se passe dans les têtes des uns et des autres pour que ce choix s'effectue.<br /> Le "relier" religieux, relayé par le "relier" laïque moderne (avec les Lumières du 18ème siècle par exemple) me paraît suivre le cours de l'histoire collective.<br /> A la base du choix pourtant, j'ai l'impression que ce sont d'autres effets qui déterminent notre position individuelle. Un rapport à la vie ou à la peur de la mort.<br /> Cette position individuelle, nous l'insérons ensuite dans un ensemble collectif.<br /> Ch'ais pas trop, faut voir.
A
Pourquoi la religion, pourquoi autre chose ? La religion présente un intérêt qui me semble évident de fournir une réponse extérieure à des questions intérieures. Mais c'est chercher là une explication qui est plus de l'ordre du métaphysique, de l'eschatologie. Mais c'est rarement ce qui motive vraiment le fait religieux. Il y a dans la religion (et c'est l'étymologie du terme) l'idée de relier les hommes autour d'une base commune qui dépasse les contingences matérielles. Pour faire partie de la communauté, on a besoin d'un rattachement qui dépasse la simple proximité. Vivre de façon plus individualiste fait perdre cette idée de communauté, on peut donc soit la regretter et chercher à la conserver par le religieux, le spirituel, ou au contraire l'accepter et avoir une attitude plus individuelle (qui peut quand même être religieuse, suis-je bien clair ?). Enfi, ce ne sont que quelques idées, quelques pistes?
A
Pour la peinture néandertalienne, on n'en connaît aucune trace. Les traces témoignant a priori d'une activité spirituelle sont associées à des sépultures : position non naturelle des corps, présence de fleurs autour du cadavre par exemple. Pour le dessin, c'est uniquement l'homme moderne qui a laissé des traces (ce qui ne signifie pas que les autres ne pratiquaient pas, mais ils n'ont pas laissé de traces.<br /> <br />
L
Le besoin de trascendance est assurément humain. Mais certains le trouve dans le religieux, le spirituel... Et d'autres ailleurs.<br /> C'est ça qui me titillait. Sur quoi se fonde cette différence de choix ?<br /> Les peintre néanderthaliens étaient ils emportés dans un rêve animiste ? Ou au contraire se voulaient ils hors de cette croyance, mais toujours dans la transcendance à travers l'exercice de la peinture ?<br /> Merci pour l'info sur le livre de P.Boyer.
A
Croire en quelque chose de transcendant est une donnée humaine qui dépasse tous les contextes sociologiques et économiques. Les première traces de cultes enregistrées avec certitude remontent à plusieurs dizaines de milliers d'années et concernent des néandertaliens. Depuis, toutes les sociétés ont laissé des traces de leurs cultes (sans qu'on arrive à les décrypter). <br /> La question est alors : pourquoi ce besoin est-il présent, sous des formes diverses, mais pas tant que ça, dans toutes les sociétés ? Pourquoi l'Homme ressent ce besoin ? Il ya des pistes intéressantes dans l'ouvrage de Pascal Boyer, Et l'homme créa les dieux.
L a V i t a N u d a
Publicité
L a     V i t a     N u d a
Publicité