Pour Semanteme
Hier je suis retourné chez Semanteme. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le blog de Semanteme nous livrait chaque jour une bouffée d'air frais et de lumière, avec pleins de mots étonnants agrémentés d'une photo tout aussi chouette. Le tout avait une couleur bien particulière reconnaissable entre toute.
J'aimais bien aller lire Semanteme, lui laissant rarement un commentaire. J'avais l'impression alors de troubler l'équilibre de ce qu'il avait fabriqué pour nous.
Et puis Semanteme a publié sa dernière note en hommage à celle pour qui il avait fait ce blog, et il est parti.
En y allant hier j'ai vu que d'autres bloggeurs, guybrush, ludecrit avaient fait comme moi, sont revenus et ont laissé un mot doux à Semanteme. D'autres comme barnabé ont laissé un lien exprès pour lui sur leur blog.
C'est Semanteme, avec d'autres, qui m'a fait toucher du doigt que presque tous, sinon tous les blogs sont construits en partie sur un sentiment de perte.
Nous, les gugusses qui aimont écrire et lire ceux qui écrivent c'est peut-être ce que nous avons en commun. Notre langue, nos mots, sont la chair d'un manque que nous éprouvons sans même vraiment nous en rendre compte. Ca peut-être vécu et incarné dans un évènement réel. Ca peut-être un sentiment diffus et immatériel. Ca peut-être la crainte que ce sentiment ne (re)devienne réalité un jour.
Ce n'est pas pour autant que nos blogs soient là que comme un ramassis de névroses ou à titre d'antidépresseurs. On aime rire, plaisanter, raconter, se moquer, râler, et faire des prout ou mettre notre doigt dans notre nez dans nos si le cur nous en dit. On va se gêner !! Il y a de la joie chez les bloggeurs !
C'est juste que très souvent entre les lignes et les mots, nos blogs donnent à lire des vies singulières (elles le sont toutes). Des vies singulières qui pour autant laissent entrevoir ce petit manque à vivre irréductible qui fait la marque des adultes qui espèrent toujours quelque chose.
Mais pourquoi espérer s'il n'y a pas eu à un moment de quoi désespérer ?
Hier, maviesansmoi citait John Le Carré sur son blog : "Ecrire, c'est à peu près comme se trouver dans une maison vide et guetter l'apparition de fantômes."
C'était à sa manière ce que Semantème savait si bien faire avec ses notes qui fourmillaient de toutes les vies qu'appelaient ses mots. Alors aujourd'hui, je lui offre mon blog.
Agence Magnum / Martine Franck / (semanteme en promenade sur son vélo ?)