Vodka Niet !
Ce soir (enfin hier soir maintenant) je rentre chez moi. Plus tôt que d’habitude, parce que le jeudi soir je n’ai pas de double vie et que un peu fatigué j’ai besoin de me reposer. Bref, il doit être environ 20h40 quand je compose le code d’entrée de mon immeuble. Et là !
Dans la cage d’escalier, une petite douzaine de personnes !
Bon sang de bonsouère, j’ai oublié ! On est le 24 novembre ! Il y a à peu près un mois j’ai trouvé dans ma boite à lettres un petit mot de nouveaux voisins. Ils viennent d’arriver et pour fêter ça, ils ont décidé d’inviter leurs nouveaux voisins à boire un coup le jeudi 24 novembre dans le hall d’entrée de l’immeuble. J’ai dit que je viendrais si j’étais libre ce soir là. Et on est le jeudi 24 !!!
J’avais (presque) oublié !!!
Franchement, mon premier réflexe, c’est de me dire « oh, merde ! ». A ce moment là j’ai plutôt envie de rentrer chez moi, de me poser dans mon canapé pour une bonne soirée de cocooning, avec mon bon vieux pyjama, ma polaire (y fait froid non ?), mes chaussons en feutre de Mongolie (made in Natures et DécouvertesÔ commerce équitable) qui donnent l’impression que je chausse du 275 (mais qu’est ce qu’on est bien dans ces trucs ignobles) ; de me préparer un petit repas délicieux. Bref, de m’offrir une glande monumentale !
Mais voilà ! J’ai envoyé un mail pour dire que au cas où, et j’arrive en plein milieux du cas où !
Vous savez quoi ?
Les scrupules.
La morale des faibles dit-on.
Plouf ! Dans mes vieux restes d’éducation judéo-chrétienne ! T’as promis. Faut assurer. Benoit le 16ème serait fier de moi.
En moins de temps qu’il n’en faut pour Benoit le 16ème pour dire que les homos c’est beurk, ou que la terre est plate, je me retrouve un verre à la main en train de fêter l’arrivée de mes voisins dans leurs nouvelles pénates.
Il y a là un D. qui vient de s’installer avec F. Ils viennent du ch’nord. Des gens qui savent vivre si j’en juge à la quintuple dose de punch que D. verse dans mon gobelet en plastique.
Je ne le sais pas encore, mais je vais faire connaissance avec une foultitude de voisins que mes horaires de lève-tôt / couche tard me permettent rarement de croiser. Et là c’est united colours of Paris XIV, la mondialisation au pied de chez vous, la sainte horreur des tenants d’une France éternelle qui sent le camembert et le saucisson. Car mon chez moi c’est une sorte d’auberge espagnole-slovo-moldave-burkinabé-marseillaise. Ce que j’ignorais puisque je ne les vois jamais.
En plus de mes nordistes je vais discuter avec un Ukrainien qui vient de Vladivostok (ça fait loin, Vladivostok c’est plus près du Japon que des châteaux de la Loire). Il a accompagné sa fiancée française jusqu’à Paris. Et me voilà en train de discuter avec lui de la Russie et tout pleins de trucs. J’apprend qu’il laisse couler l’eau du bain parce qu’il aime le bruit de l’eau qui glougloute et qu’en Russie on paye une dizaine de roubles l’eau pour l’année. Idem pour le gaz, c’est tellement pas cher que pleins de Russes laissent le gaz allumé H24. Et que quand ils font des picnics ils balancent leurs bouteilles de vodka dans la toundra parce que là-bas la nature c’est grand ! Ami lecteur encarté chez les verts, en Russie il y a du boulot pour toi au-delà des limites de Tchernobyl (qui est en Ukraine, nuance).
D’ailleurs on en parle aussi de l’Ukraine, et pour O. l’Ukraine c’est la Russie et faut arrêter les conneries (je réduis sa pensée). Je risque une vision historique, expliquant qu’après 50 ans d’URSS les nouvelles républiques non Russes souhaitent affirmer leur indépendance et que –qui sait- dans 20 ou 30 ans, les racines Russes reviendront à la surface. Ce n’est qu’une affaire de temps. Il ne dit pas non, ouf !
J’essaie de lui extorquer quelques insultes en Russe pour que je les répète à Boss sans qu’il les comprenne, genre : espèce de connard, abruti… Mais j’ai oublié. C’est la faute aux multiples verres de vodka qu’il me verse en continu depuis le début de notre discussion. Cette soirée était un piège, j’en étais sûr !
Il y a aussi une Coréenne très sympathique qui fait des études de mode à Paris en attendant de retourner en Corée et de pouvoir –elle l’espère- y créer sa propre marque. J’ai oublié son prénom qui veut dire « Sagesse Kekchoz ». C’est la faute à la vodka de Popov qui me détruit les neurones !
Vous pouvez rire, mais moi qui ne bois quasi plus de trucs forts depuis des années, le mélange Punch-Beaujolais Nouveau-Vodka m’a réduit à l’état de protozoaire inarticulé.
Je me sens pitoyable. J’essaie de poser encore quelques trois phrases sensées avec un physicien reconverti dans l’informatique. Hum, hum… Puis avec C. la fiancée de Popov qui me raconte Gorki Park et le suppositoire de Gagarine (je veux dire la fusée du héros soviétique). Miracle, on se comprend très bien, il faut dire qu’on est dans le même état alcoolémique.
Tout cela est très sympathique et bon enfant mais la soirée se termine. On se souhaite de renouveler cette soirée. Je rentre chez moi après avoir dit bonsoir à tout le monde. Il est temps de dormir.
Mais ce matin… La vodka, plus jamais ça. L