Supermarket !
La suite logique (logique ?) du massage est d’aller manger un morceau. C’est que ça ouvre l’appétit de rester à se faire tripoter pendant deux heures (enfin tripoter… rien de… bon…). Là aussi, il y a un rituel : Boss, V. et moi partons vers Silom Village, le lieu ou il convient de casser une graine.
Pour vous décrire rapidement Silom Village, ça ressemble à ça :
C'est-à-dire une sorte de mini centre commercial mélangeant bars, restos et boutiques d’artisanat divers. C’est vrai que le tout a un petit côté touristique, mais très sympa quand même. Il faut le reconnaître, jusque là le programme de Boss est plutôt plaisant.
Donc on mange ! Et c’est bon ! Oubliez le petit resto Thaï de votre quartier, déjà très bon lui aussi, ça n’a rien à voir. Il faut juste se méfier des plats épicés, les piments Thaï ont un talent avéré pour se frayer un chemin en ligne droite depuis votre langue jusqu’à… la sortie prévue à cet effet, par autodissolution des chairs. Mais sinon, boudiou, que c’est bon !
Pas grand risque toutefois de vous auto-consumer de l’intérieur dans les restos de Silom Village. Pour cela il vaut mieux tenter les petits restos locaux, ou encore mieux, toutes ces petites cantines ambulantes qui viennent squatter les trottoirs et servent en permanence des recettes pas toujours identifiées. Si vous avez de la chance, vous pourrez même goûter aux larves ou aux insectes grillés. C’est un peu comme les pralines (pour la consistance). Pour le reste euh… faites pas comme moi, évitez de perdre un pari idiot ! Ca vous évitera de devoir y goûter.
Evidemment, qui dit mini centre commercial dit « Mais qu’est ce que je pourrais acheter ! ». L’effet sur V. est immédiat, et la voilà en train de sombrer dans la folie Bangkokienne du shopping. Car s’il y a un endroit ou tout s’achète et tout se vend c’est bien à Bangkok.
Nous voilà donc en train de traîner dans les quelques boutiques d’artisanat de Silom Village. Personnellement c’est pas trop à mon goût. Un peu trop surchargée l’esthétique Thaïlandaise, mais devant la pléthore d’objets de toutes sortes, il y a toujours un petit truc à trouver pour ceux qui y tiennent : des bouddhas, des statuettes, des meubles, des tissus, des centaines de trucs et de machins qui ne sont pourtant qu’un erstaz de ce que nous verrons plus tard.
Car voilà la dernière étape du « Boss Bangkok Tour » : l’incontournable visite du marché de nuit de Patpong.
Dès la nuit tombante, Silom Road et plus loin Patpong Street deviennent la proie des marchands du temple Thaï. Les trottoirs se couvrent de boutiques jusqu’à minuit. Des hordes de touristes de tout poils débarquent en masse tout aussi compacte que les marchands. Et le royaume nocturne de la contre façon occupe tout le quartier.
Ca a quelque chose d’hallucinant. Une sorte de supermarché géant du faux Vuitton, de la fausse Rolex, du Mont Blanc pas vrai, du Gucci pour rire côtoient les fausses répliques des maillots de foot de toute la Champion’s League, du Super Twelve de Rugby, les fausses Puma, les fringues automobiles Ferrari-Schumacher, etc, etc… Trônent également en bonne place tout ce que l’industrie du tourisme peut produire de kitsch et de goût le plus douteux : équipements de l’apprenti Ninja, T-Shirts célébrant les ébats sexuels les plus divers, boucles de ceintures Harley Davidson… Rien que du bête et moche, mais en très grande quantité. Ca en deviendrait presque un art !
Nous remontons vers Patpong, le long des échoppes serrées les unes contre les autres.
Bien sûr, tout cela est vendu à un prix ridiculement bas. Mais la coutume veut qu’en plus on marchande le prix. Ce qui me vaut le loisir d’assister à des discussions pathétiques pour baisser de 100 Baths (2 Euros), ce qui coûte déjà 3 fois moins que le prix normal.
C’est que le touriste ne veut pas s’en laisser compter facilement. On lui a dit qu’il était roi ici, qu’il en aurait pour son argent. Alors il y tient ! Il veut pouvoir à son retour à la maison expliquer combien il l’a vraiment eu pour pas cher son faux Lacoste, sa fausse Tag Heuer, ou les copies trafiquées de Harry Potter ou de Spiderman pour les enfants.
Etant donné que ce ne sont visiblement pas les revendeurs qui ont l’air de se faire des coucougnettes en or avec ce trafic, assister à ce marchandage acharné pour rien du tout a pour effet de me mettre plutôt mal à l’aise. Finalement je rentrerai bien moi, plutôt que d’assister encore longtemps à ce lâcher de beaufs en pleine extase de la redécouverte du pouvoir d’achat.
Je veux bien les comprendre un peu. Comprendre que probablement chez eux, ils se serrent la ceinture assez souvent pour avoir envie de rattraper le temps perdu quand un voyagiste très organisé leur a promis à mots couverts qu’à Bangkok ils s’en mettraient pleins les fouilles.
Mais un peu moins quand je constate leur mine réjouie à la seule satisfaction d’avoir gagné 50 centimes d’Euros sur l’achat d’un faux Chanel bien clinquant. C’est la même mine satisfaite que celle d’un Cadre Financier en train de calculer une indemnité de licenciement en pensant « encore 10 comme ça, et je touche mon bonus ». Peut être la leur d'ailleurs !
Dans un monde de boutiquiers comme celui-ci, ce sont les mentalités de gros malins, de « moi d’abord » et de petits chefs qui prennent le dessus.
Berk !
Malheureusement je n’en ais pas encore fini avec Patpong. Boss tient hélas à son « clou du spectacle »…