Retour Vers le Futur.
Une bonne nuit de sommeil, voilà ce qu'il me fallait !
J'avais bien prévu de vous raconter quelques aventures Bangkokiennes, avec quelques reportages pilotés par téléphone portable (en différé) mais j'en suis encore à transféré les photos et les sons enregistrés. Ca ne va pas aussi facilement que je l'espérais. Mais bon, encore un peu de patience...
En rentrant, j'apprend qu'ici on est quasiment en guerre civile !
Ca a commençé juste au moment de mon départ, et de loin j'ai pu apprendre que ça ne s'arrangeait pas. A peine rentré, le collègue qui vient me chercher moi et mes 120 kg de bagages m'annonce "qu'il leur faudrait une bonne guerre", "qu'on a qu'à envoyer l'armée" et blablabla...
Pfff...
Une amie Francophile aux USA me demande de lui confirmer ce qu'il se passe vraiment. Il faut bien qu'il y ait des émeutes pour que les médias américains à la sauce Fox TV s'intéressent à ce qu'il se passe en France...
Je repense à ces révoltes et ça me fait penser à ces révoltes paysannes du Moyen Age et du grand siècle, avec ces gens tellement excédés qu'il détruisait tout sur leur passage. A t'on déjà vu des révoltes se faire avec mesure et intelligence ?
Je repense à ce président élu pour enfin mettre fin à la "cassure sociale".
Quel succès.
Je repense à toute cette population qui s'en prend à tout ce qui représente de près ou de loin un semblant d'état qui se désengage de toute action constructrice à long terme. Ce sont eux, leurs familles, leurs amis, qui en subiront les premiers toutes les conséquences.
Je repense au besoin qu'il y a de faire respecter la loi, au sens des règles qui permettent à tous de vivre ensemble avec les mêmes droits et mêmes devoirs. Des lois acceptées parce que pour l'essentiel les cartes qui engagent l'avenir sont distribuées de la même manière à tout le monde.
Mais comment faire respecter la loi, auprès de ceux qui ne la connaissent plus, et n'ont même plus envie d'y croire ? Qui préfèrent la loi des bandes, des communautés. Les règles et la dictature du plus fort, des traffics plus ou moins organisées transformés en économie parralèlle, devenus alternatives à un job normal, avec une paye normale, pour pouvoir vivre normalement dans des endroits à peu près normaux.
A quoi servira la punition si elle ne s'accompagne pas de la possibilité des uns et des autres de la comprendre cette loi, et après avoir payer leur dette de pouvoir construire quelque chose de leur vie.
Ce qui me surprend vraiment, c'est que rien de tout cela ne se soit pas déjà produit plus tôt.
Depuis combien de temps savons-nous que nous avons un vrai problème avec toute une génération laissée de côté (et sans doutes plusieurs) ?
Combien de Noëls fêtés à coups de voitures brûlées ? Combien de Marseillaises sifflées dans un stade de foot ? Combien d'affaires de racisme ordinaires ? De délinquance juvéniles, de tournantes, de port de voile, de chômage persistent, de création de "Ni Putes Ni Soumises" et de "Touches Pas A Mon Pote"... Ne nous ont averti qu'il était grand temps de faire autre chose que de construire un stade de foot, repeindre une barre HLM, offrir des emplois dans la sécurité ou réouvrir une supérette ?
Personne aujourd'hui ne peut prétendre que nous découvrons l'ampleur du problème.
Il est bien temps de verser des larmes sur le montant de l'addition qu'il nous faudra payer économiquement, socialement, humainement pour réparer ce gâchis. Il est bien temps d'invoquer l'union nationale, de sortir les statistiques, de déclarer le couvre feu, de remettre en route les quelques mesurettes qui permettaient de sauver les meubles.
Ce n'est pas en nous voilant la face à coups de karcher qu'on arrangera cette histoire. En tout cas ça ne suffira pas, ça ne suffira plus.
Plutôt que de détourner le regard devant les actions des casseurs et violents de tout poil, il est grand temps au contraire que nous ouvrions bien grand les yeux et les oreilles devant ce qu'ils font et ce qu'ils disent si nous ne voulons pas voir le pire devenir une habitude avec laquelle nous vivrons au quotidien.