La Colo !
Boudiou quelle semaine !
Mes idées de posts restent au chaud dans mon cerveau, car ça m'énerve de rédiger trois lignes à toute berzingue, parce que dans "c'te boite" la mise à jour du planning de ceci, la modification des participants de cela, la recherche des infos sur trucmuche... m'empêche un peu de faire mieux que 3 lignes griffonnées tapotées à toute vitesse. "Faut pas gâcher" comme dirait Guy Roux.
C'est en fait comme si j'étais en train d'organiser une colonie de vacances.
C'est cette conference à Bangkok, avec une quarantaine de gusses qui viennent du monde entier qui m'occupe à temps plus que plein : allemands, américains, italiens, singapouriens, mexicains, israeliens... Tout cela est très amusant... Jusqu'à ce qu'on rentre dans les détails.
Entre ceux qui jouent à "je viens, je viens plus, je viens...". Ceux qui veulent une réservation jusqu'au 5 ou au 6 et peut être le 7 (très facile pour réserver une chambre). Ceux qui peut être feront venir leur femme mais juste le week end. Ceux qui ceci ou qui cela, j'ai l'impression de devoir gérer une bande de Kevin adultes.
D'ailleurs ce n'est pas qu'une impression.
L'expérience acquise me prouve en effet que rassemblés loin de leur cadre habituel, des individus qui ne font plus qu'un groupe deviennent pires qu'une crise d'urticaire sur la tronche d'un acnéique. Entre ceux qui se bourrent la gueule, ceux qui ont perdu le planning, ceux qui ne se réveillent pas à l'heure, ceux qui n'ont rien compris, ceux qui se perdent, ceux qui se foutent de la gueule du monde avec leurs caprices... au bout du 3ème jour de conférence, le gentil organisateur que je suis contient de plus en plus mal son énervement, et rêve chaque nuit qu'il est armé d'une mitrailleuse lourde et qu'il sulfate généreusement l'assistance.
Vous allez me dire : "tu vas quand même pas te plaindre d'aller à Bangkok en Novembre pendant qu'on va regarder l'hiver fondre sur nous avec son cortège de rhumes, grippes et laryngites en tout genre ?"
Bien sûr que non ! C'est quand même sympa d'aller aussi loin aux frais de la princesse "c'te boite". Mais n'allez pas imaginer que je vais me la couler douce, à siroter des jus de fruits, en prenant des coups de soleil !
Parce que la réalité est bien différente.
Levé avant tout le monde pour éviter les premiers couacs, vérifier que tout le monde, que la salle est installée comme demandé, et là si rien n'est oublié c'est déjà pas mal. Entendre les doléances débiles des uns ou des autres (pourquoi il n'y a plus d'ananas frais ? On ne pourrait pas modifier le planning rien que pour moi ? J'ai pas bien dormi, il y a trop de décalage horaire ! Et gnagnagni gnagnagna).
Ensuite il faut être sur des charbons ardents toute la journée pour que le planning et les horaires soient respectés, aller rechercher ceux qui se barrent pendant 1/2h à la récré pause au lieu du 1/4 d'heure prévu. Pallier au problèmes de cette merveilleuse technologie de l'information (mais pourquoaaa je peux pas me connecter sur le ouaiiiibeuh !), etc, etc...
A la fin de la journée, quand tout le monde est bien sâoulé par sa journée de travail, et joint le geste à la parole en allant s'affaler au bar pour picoler, il y a un gugusse qui ramasse les devoirs du jour, fait les corrections, et prépare la synthèse pour le lendemain matin. Généralement, de ces destinations exotiques, tout ce qu'il voie le G.O. c'est la salle de réunion, le resto et sa chambre.
La seule chose à laquelle il aspire c'est une bonne douche et quelques heures d'un sommeil criminogène, à moins qu'il n'ait eu le temps de profiter à 23h de la salle de fitness pour courir ou ramer jusqu'à ce qu'il ait perdu 3 litres d'eau et ses envies de meurtre.
Quand tout se termine, les participants ne manquent pas de remercier le big boss pour ce merveilleux moment ou ils ont pu redevenir les Kevin à la con qu'ils étaient probablement déjà.
Les moins insupportables, ceux à qui un titre vaguement ronflant de Manager Pouet Pouet n'a pas gonflé la tête à claques, viennent quand même vous remercier et vous serrer la main. Si, si, ça arrive !
Mais la plupart se sont contentés de se goinfrer, de se comporter d'une manière dont je n'oserais même pas parler à leur maîtresse, et de mettre de côté ce qu'on leur a demandé pour "les éxécutants" car eux sont des "executives".
Ce qui les autorise à partir sans même un merci, car ils sont tellement "busy"... et finalement c'est pas plus mal. Car là, ça doit se voir sur ma tête que je vais leur en coller une.
Heureusement, comme dans toutes les colos adultes, il y a toujours de bons moments.
Il y a le Serial Gaffeur, qui pose toujours des questions à côté de la plaque, s'égare dans les couloirs, dont la compagnie aérienne a perdu les bagages...
Il y a les bons potes qui se foutent de votre gueule en vous voyant être englouti dans ce maëlstrom de biznessmen à deux francs en pleine autoreprésentation de boulevard. Ils vous font des petis signes de connivence pendant vos présentations pour provoquer des fous rires exprès. Et ça marche !
Il y a celui qui se prend tellement au sérieux, que le jour ou il s'assomme raide mort dans la baie vitrée, vous vous surprenez à esquisser un petit sourire en pensant "c'est bien ça, ça sonne vraiment creux dans sa tête". On a légèrement honte, mais il faut reconnaître que ça soulage d'avoir une preuve de l'existence de la vengeance divine.
Il y a les quelques moments de liberté que vous arrivez à voler sur ces 5 jours de démence, et ou un simple coca au milieu du plus petit bar autochtone vous paraît être est le paradis.
Ensuite il n'a plus qu'à rentrer, et à reprendre une activité normale !
:-)
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