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5 octobre 2005

Papivores.

Chez moi il y a toujours eu pleins de journaux à lire. C'est une habitude familiale.
Habitude que j'ai gardé.
Chacun avait ses lectures préférées dans la famille, et moi c'était Libération.

Mon père lisait "Le Matin de Paris", le quotidien de la génération Miterrand. A l'école les profs nous conseillaient de lire Le Monde, le journal officiel de la voix de la France. Mais je n'ai jamais pu m'y faire à ce journal. Son style chiant et officiel (justement) ayant sur moi un effet répulsif.

Alors moi c'était Libération, puisque des quotidiens de gôôôche ou "progressiste" il n'y en a pas 15 000 en France. J'ai vu venir le relookage de Libé dans les années 80, son abandon d'un style militant et seventies au profit de la mode de l'époque "Vive La Crise" et branchitude ennuyeuse à souhait assortie.
S'en est suivi une période de désamour avec "mon journal" que je ne lisais plus que de loin en loin, fatigué de l'indigence de leurs pages cultures (à part Daney, Lefort, Garnier et quelques autres journalistes). Et d'un manque de curiosité qui était pourtant jusque là le point fort de ce journal.

Je ne m'y suis remis qu'il y a quelques années, au moment en fait ou ma télé est partie aux oubliettes. J'ai retrouvé le plaisir du détour par le kiosque de mon quartier, la recherche de monnaie pour m'acquitter de mes 1.20 Euros, les doigts qui se couvrent d'encre, et les opérations de pliage/dépliage du journal dans les transports en commun surchargé.
Parfois, je m'y retrouve dans le contenu de ce journal, et parfois pas. Mais je suis devenu à la fois plus exigeant en matière d'information et en même temps plus indulgent. Il n'est pas toujours facile de concilier info généraliste et besoin en articles plus pointus sur l'ensemble d'un lectorat quotidien.

Ce matin j'ai appris -mais dans un autre journal- que "mon Libé" subissait une grosse baisse de ses ventes depuis plusieurs mois, et que sa future recapitalisation allait s'accompagner d'un plan social.
Je n'ai rien trouvé à ce sujet dans mon Libé et ça, ça m'a un peu énervé.
Ensuite j'ai appris que le journal allait être remanié. Que l'info sur le website de Libé allait être enrichie, que le Libé papier allait être réduit les jours de semaine, au profit d'une édition plus complète les week end.

J'ai trouvé ce projet débile.
Pourquoi faire un simili journal en semaine ? A quoi sert de singer la presse gratuite (si on peut vraiment parler de presse) genre 20mn et autres, sans devenir un gratuit soi-même ?
Pourquoi devrais-je attendre le samedi pour avoir un journal complet quand j'achète un quotidien et pas un hebdo ?

Le fait est que la presse Française subit une érosion de ses ventes depuis un bon moment.
Le contenu s'étiole, ou alors il faut verser dans l'info régionale comme le fait Le Parisien pour s'en sortir un peu mieux. Mais les quotidiens ne se posent que des problèmes de recapitalisation et de forme.
Les industriels s'achètent des organes de presse et souhaitent y appliquer leurs règles de gestion ainsi que leurs opinions (Dassault, Lagardère...). Les quotidiens eux procèdent à un relookage (Le Figaro, Le Monde), à la course à des suppléments pas forcément utiles et qui décridibilisent leur contenu (Livres, DVD...).

Mais justement, de contenu il n'est pas question.
Les responsables de rédaction, comme les politiques, organisent un grand jeu de chaises musicales et passent de journaux en journaux, tous fiers de leur expérience dans le domaine de la presse qui pourtant n'apporte pas plus de nouveaux lecteurs qu'avant.
Les rédactions et les journalistes se posent pas mal de question sur les relations qu'ils doivent avoir avec leurs nouveaux propriétaires et/ou ceux qui les représentent.

Mais la presse s'interroge peu, ou plutôt elle n'apporte aucune réponse aux questions et à la défiance qu'observent les lecteurs vis à vis d'elle. Son indépendance vis à vis des différents pouvoirs, son rôle d'observateur et de commentateur de faits de société, la séparation entre les faits et l'exercice de commentaires subjectifs, l'implication des médias dans la fabrication de toute pièce d'informations ou plutôt de désinformation, le mélange des genres et les limites entre information et promotion (voire publicité), la complaisance vis à vis des pouvoirs économiques ou politiques dominants, etc, etc...

Alors Libé peut bien se vendre en rose fluo, se mettre une plume dans le derrière, chanter la marseillaise en verlan, ou je ne sais quoi encore... je ne vois pas comment ils retrouveront des lecteurs sans s'interroger sur la nature quotidienne de leur travail (qu'ils font plutôt bien comparé à pas mal d'autres).
Ils ont le choix entre rejoindre les tenants de l'infomerciale sans odeur, saveur ou réflexion mais très rémunératrice en pages publicitaires.
Ou celui de prendre leurs lecteurs pour des gens déjà fort bien informés (à travers d'autres titres de presse, le web, les blogs...) et qui attendent d'un journal quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. C'est sans doute moins rémunérateur, mais qui s'appelle encore légitimement du journalisme.

andygoldsorhty2

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Commentaires
S
Même réflexion que Samantdi avec la presse régionale. Et quand tu habites une petite ville, pour peu que tu sortes un peu de chez toi, il n’est pas rare que ta photo ou celle de tes rejetons passe dans LE journal. Et c’est là, au nombre de réactions en retour, que tu te rends compte que cette presse régionale est encore beaucoup lue !
L
> Cecile.<br /> En tout cas ça me paraît être une bonne vision de ce que les papivores d'aujourd'hui attendent de la presse quotidienne en effet.<br /> Dommage qu'en France il y ait beaucoup d'interrogation sur le rôle des médias (et parfois une certaine tendance des journalistes à s'éxonérer de tout écart ou déviation pourtant constatées), mais relativement peu d'action au bout du compte.<br /> Les journalistes se montrent -à juste titre- très pointilleux souvent sur leur indépendance par rapport à leur hiérarchie. On aimerait qu'ils aient la même exigence vis à vis de leurs lecteurs et des "accointances" avec les différents milieux qu'ils ont à fréquenter.<br /> En tout cas merci pour ce point de vue.<br /> <br /> > Barnabé.<br /> Je ne sais pas, car la tv ne subit pas d'érosion (quantitativement du moins). Elle est en passe de devenir le 1er loisir des Français, si ce n'est pas déjà le cas, en nombre d'heures quotidiennes.<br /> Qualitativement, la presse écrite reste de loin de bien meilleure qualité que les Journaux Télévisés, même s'il y a de très bonnes émissions de reportage télé.<br /> Le strass et les paillettes, toutes ces conneries de machinchose réalité c'est ce qu'on nous propose. Je n'ai pas entendu parler de pétitions de spectateurs exigeant la création du Loft avant que cela n'existe (ça viendra peut être un jour).<br /> Je crois qu'il y a aussi un public qui demande autre chose, et même un public qui va regarder par exemple "Star Ac" un jour, et "Arrêt Sur Images" le lendemain !<br /> Je veux dire, ce n'est pas qu'une question de "demande", c'est aussi une question "d'offre". Il est plus facile pour les investisseurs des médias de parier sur des recettes toutes faites que de tenter d'apporter un regard neuf sur un travail qu'ils ne connaissent pas.<br /> <br /> > Fauvette.<br /> Alors j'ai dû louper cet épisode !<br /> Mes excuses.<br /> <br /> > Anne.<br /> Les annonceurs et la pub est un autre aspect du problème. On sait qu'il existe une certaine forme d'autocensure des journalistes par rapport aux annonceurs qui représentent aussi parfois leurs propriétaires.<br /> L'argent, ici comme ailleurs est le nerf de la guerre. Mais cela n'éxonère pas d'avoir un projet éditorial et de proposer du contenu. Ou sinon autant devenir Métro ou 20 Minutes, et faire de l'info au rabais, du rhabillage de dépêches d'agences.<br /> Et il reste quelques journaux sans pub (mais pas de quotidiens) heureusement !<br /> <br /> > Rosalie.<br /> C'est vrai, les Espagnols et les Anglo Saxons sont de gros consommateurs de presse écrite comparée à la France.<br /> Est ce seulement une question de culture ?<br /> Ou est ce aussi lié à des journaux historiquement plus indépendants de tous types de pouvoirs, plus proches de leur lectorat.<br /> En fait, je ne sais pas.<br /> <br /> > Samantdi.<br /> La Dépêche !<br /> C'est vrai qu'une fois sorti de la Kapitale, les lecteurs ont un lien bien plus affectif et plus fort avec leur journal régional.<br /> Comme tu le dis : "c'est chez moi".<br /> Libé c'est vrai à force de cultiver son côté décalé-branché est parfois devenu totalement abscon et inepte et bêtement parisiano-élitiste. Mais pas que cela heureusement.<br /> Euh, les mots croisés ? Je les regarde jamais, moi et les mots croisés j'avoue qu'on est totalement indifférents l'un à l'autre.<br /> <br /> > Monica Bella.<br /> Louis S. celui qui fait des faux dialogues à propos des films ??? Ah ben moi, je trouve ça insupportable le Louis S.<br /> Y m'énerve !<br /> Alors je lis (presque toujours) toutes les pages mais pas lui.<br /> Ca me rassure de voir qu'il a des lecteurs malgré tout ?<br /> :-)
M
je vais directement lire louis S, dans les<br /> dernières pages, c'est un homme qui me fait<br /> réver, il parle du cinéma à sa façon et moi<br /> j'aime ça, après je lis tout...
S
Mon journal préféré reste toujours "La Dépêche du Midi", peut-être parce que c'est "le journal". Il y a peut-être d'autres titres, mais "LE" journal, c'est celui-là. ("bon, je vais acheter le journal... ah, tu ramènes du pain, et tiens, prends-moi le journal s't' plaît)<br /> <br /> Je lis la rubrique nécrologique, et aussi les petits articles des localiers, je sais ce qui se passe dans les villages autour de chez moi. Il y a plein d'expos de belges néo-ruraux qui peignent des tournesols, des concours de boules, une foire aux bestiaux.<br /> C'est chez moi, "je suis née quelque part" et c'est là.<br /> <br /> "Libé" m'a toujours paru un journal de parisiens pas trop intéressant (sauf les mots croisés de Loiseau, dis donc ils sont durs!)...
R
et si l'on se disait les choses franchement, à<br /> savoir que les Français n'aiment pas lire<br /> je cite toujours l'Espagne, pays où l'on avale<br /> de la presse à dose maximale, pourquoi parce que<br /> c'est dans leur culture<br /> alors il faut peu etre arreter ce discours, sur<br /> les journeaux, il y a toujours quelque chose à<br /> lire dans un quotidien, de gauche comme de droite<br /> mais du moment qu'il faut sortir un sous de son<br /> porte monnaie, on se trouve toujours une bonne<br /> raison.<br /> un jour au lycée un prof m'a félicité en réponse<br /> à une question: la réponse était dans Paris Match<br /> je n'avais que cette lecture à ma disposition.
L a V i t a N u d a
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