Chabadabada.
A la maison tout le monde aimait Lelouch et aussi Michel Legrand, compositeur du fameux « chabadabada… » (Lelouch/Un Homme Une Femme).
Moi Legrand, j’ai jamais pu le piffer ce gars là. Je trouvais sa musique emmerdante à souhait, et surtout le personnage m’était insupportable. Une tête grosse comme un Zeppelin, une fausse modestie genre « Je ne suis qu’un modeste artisan certes, mais au fond quel génie je ne peux m’empêcher d’être… ». Genre je m’appelle pas « Legrand » pour rien. Bref la parfaite tête à claques, à entarter avec plaisir, une sorte de BHL de la musique (disons plutôt que BHL a tout copié sur lui),
Mais le gusse avait du succès (3 oscars entre autres babioles et bons points) : Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, Lola, Une Femme Est Une Femme, Cléo de 5 à 7, l’Affaire Thomas Crown… C’est lui aussi.
Mais rien à faire. La suffisance de sa majesté Legrand et sa foutue manie de coller du skat en plus de ses chabadabada dans ses musiques me donnait envie de flinguer le poste ou la chaîne. Faut reconnaître que ça allait bien avec le cinéma de Lelouch, le chabadabada.
Pendant que la famille chabadabadait, moi j’étais supporter de Georges Delerue, tout seul dans mon coin et puis voilà.
Uniquement à partir de presque rien en plus !
La musique qu’il avait composé pour Le Mépris / J.L. Godard, j’avais dû l’entendre par hasard à la radio. Je n’ai jamais vu le film, et me suis toujours contenté avec bonheur de la musique. Mais -comme on dit- j’avais été « transperçé » par ce morceau (Camille) dès la première écoute.
Godard avait déjà l’image d’un intello promettant d’être chiant et disséqué à n’en plus finir par les cinéphiles universitaires (que peut il arriver de pire à un artiste ?). Et ce morceau était un peu trop « romantissime » en plus, mais un romantissime pas éloigné des compos Hitchcockiennes de Bernard Hermann. Un romantissime un peu tragique donc, parce que sinon ça ne marche pas le romantissime.
Et puis Delerue a aussi composé les musiques de Tirez Sur Le Pianiste, Jules et Jim, La Nuit Américaine, l’Amour en Fuite (F.Truffaut). De 100 000 dollars au Soleil, Cartouche, Le Cerveau, Préparez Vos Mouchoirs, Riches et Célèbres, Garde A Vue… et… Le Corniaud (Farpaitement !).
Malgré tout, aucune chance dans la famille de pouvoir imposer Delerue devant les fanfreluches de Michel Legrand.
Mais je tenais bon. De cette façon qu’on a de transformer en mine d’or secrète les bons ou mauvais goûts que notre entourage peut nous dénier : « Vous n’y comprenez rien de toute façon à la vraie musique » maugréais-je intérieurement, en quittant la maison pour échapper à une tournée supplémentaire de karaoké chabada, ou pire : de chorale sur le thème de « nous sommes les sœurs jumeeeeelles, nées sous le signe des gémeaux, bla bla… ». (Michel Legrand encore).
En repensant à ces petites scènes de la vie familiale j’en rigole encore.
Mais hier après une journée toute pourrite, toute merdique, quand j’ai allumé la radio en rentrant et que j’ai entendu les premières notes du mépris, m’est revenu exactement la même sensation de bouleversement que la première fois ou je l’ai entendue.
Mais ce dont je ne me souviens pas, c’est ce qui à l’époque, tendait la main à cette musique encore inconnue, l’attendait presque pour enfin y coller une peine qui ne trouvait pas d’issue. Une méprise ?
Chabadabada…
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Y marche pas ? Bon, peut être çui-là :
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