Litératür.
C'est le genre de choses qui me fait toujours rire, ce que j'ai lu ce matin ici.
L'envoi sous un autre nom à plusieurs éditeurs du manuscrit des « Chants de Maldoror » de Lautréamont : Albin Michel, Grasset, Flammarion, Le Seuil, Plon refusent le manuscrit sauf Gallimard qui détecte le canular.
Le même gag a été essayé et transformé avec des textes de Duras, Kafka, Pirandello, Faulkner, Gorki refusés par les éditeurs comme étant « non professionnels ». La palme citée dans l'article revient à « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf rejeté pour cause de « mode narratif insuffisamment élaboré et maîtrisé », là faut oser !
D'abord on peut se moquer un peu de tous ces grands intellos, poseurs en chemise blanche immaculée (suivez mon regard) dans les médias, directeurs de collections, défendeurs de la Kültür et de la Litératür devant l'éternel. Les voir passer à côté de trucs pareils ! Même si bien sûr ce ne sont pas eux qui épluchent tous les manuscrits qu'ils reçoivent jour après jour.
Vous qui avez des manuscrits à foison, ne perdez pas espoir.
Ce genre de canulars, hantise des maisons d'éditions bien installées, est surtout drôle parce qu'elle dégonfle cette baudruche culturelle dans laquelle, en France on aime bien complaire à une image élitiste de nos sommités littéraires et intellectuelles.
Dans ce domaine là, comme dans bien d'autres, ce qui doit leur déplaire c'est l'insulte faite à leur réputation d'infaillibilité papale en matière de belles lettres. Les voilà obligé d'arpenter le Boulevard St Germain avec un bonnet d'âne et un panneau marqué « J'ai refusé Duras dont je suis pourtant l'éditeur ».
Si seulement tous ces éditeurs, responsables de collection, membres éminents des comités de lecture, jurys des prix littéraires, journalistes littéraires, et parfois un peu de tout ça à la fois voulaient bien condescendre à descendre de leur piédestal un instant.
Si les Amette, Pancrazi, Savigneau, sans compter les inévitables Sollers et BHL et autres voulaient bien condescendre à ne pas trop nous éclabousser de leur grandeur quasi académique.
Si tout ce petit monde qui se coopte, pratique le renvoi d'ascenseur, joue du coude pour les premières places au buffet des récompenses et aux titres honorifiques, néanmoins sonnants et trébuchants, se prenait moins au sérieux ces canulars seraient moins drôles.
Mais faut faire gaffe, car alors il se pourrait qu'alors ça donne envie de lire dis donc !
« Messieurs, La Cour ! » disait-on autrefois !
On a gardé en politique comme dans arts « officiels » quelques saveurs très ancien régime qui font les délices de mon café du commerce.
Il serait peut être bon de vérifier auprès d'eux ce qu'on s'échine à vouloir faire cracher aux chercheurs, aux enseignants, aux intermittents du spectacle ou au personnel hospitalier : êtes vous rentable ?
« Ridicule » disait le film de Patrice Leconte, et ça ne concerne par qu'Hervé Gaymard !