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30 septembre 2004

Hommage Involontaire à Charles Pasqua.

Il y a quelques années de ça, j'ai pu vérifier à quel point les foules enrégimentées sont toujours et partout d'un comportement éminemment stupide.

A ce moment le service militaire existait encore, et s'était rappelé à mon bon souvenir à l'issue de l'épuisement de mes reports autorisés par la fréquentation assidue de la cafétéria de l'université de Paris III.

En tant qu'étudiant-poil-aux-dents j'avais vécu les grèves visant à transformer l'université à coups de réformes dont on mesure aujourd'hui les effets.

Les effets, nous en avions constatés certains en direct, a coup de débats philosophiques avec les unités de CRS à moto (les « voltigeurs ») commandée de main lourde dans un gant de plomb par Charles Pasqua.

Malik Oussekine, tabassé par les dits « voltigeurs » jusqu'à ce qu'il passe de vie à trépas, lui n'est plus là pour en parler.

Le Charles Pasqua, est aujourd'hui sénateur par la grâce des grands électeurs… Remercions les d'avoir été invités à l'élire sans doute autant par Chirac que Sarkozy, qui n'ont aucun intérêt à ce que le gros Charles ne déballe devant la justice quelques unes des innombrables casseroles qu'il promène avec lui.

Ce sont les mêmes qui faisaient, font et referont de grandes phrases pour réconcilier les citoyens avec la politique et lutter contre l'abstentionnisme.

Mais bon. C'est pas le sujet.

Au beau milieu de décembre me voilà donc en train d'en découdre avec l'administration du Ministère de la Défense pour tenter d'échapper au port de l'uniforme.

Armé d'un pacifique dossier médical en béton, je pars à l'hôpital militaire du Val de Grâce histoire de leur montrer que cette hypertension vertigineuse que je traîne depuis des années n'est pas une couverture pour sympathisant pro-bolchevique et anti-Français.

Je me retrouve dans une chambre avec vue sur un mécanicien de l'armée de l'air, tout content de raconter à un jeunot patriote (enfin, c'est ce qu'il croit) les innombrables crashes aériens qu'il a vécu en tant que mécanicien embarqué sur des vols d'essais.

Les médecins passent chaque jour, avec leur délicatesse caractéristique qui donne l'impression d'être réduit à un vague ramassis hasardeux et temporaire de cellules inertes et imperméables à toute forme d'intelligence. Et vas y que je t'envoie à droite à gauche pour des examens dont la finalité m'échappe. Mais faisons confiance à la médecine. Et si possible aveuglément. De toute façon, les ordres sont les ordres, je suis supposé devenir : un trouffion. Soit ce qui suit la paramécie dans l'ordre d'importance biologique terrestre.

Heureusement, les infirmières sont sympa. Sauf l'infirmière en chef dont j'ai lu récemment chez Anatosmoses qu'elle s'était réorientée dans le cinéma et le casting de figurants.

J'ai pas encore l'uniforme ni la coupe skin' si jolie à porter, mais j'ai droit à ce très beau survêt' d'un bleu totalement indéfinissable. Aujourd'hui, sa coupe et sa forme vintage ferait un malheur chez les 15-30 ans.

Au dehors de l'hôpital, la révolte gronde chez les étudiants-diants-diants. C'est pour quoi, pour qui ? Je ne sais plus vraiment. Etait-ce Devaquet ou un autre. Bref. Les grèves et les manifs repartent à plein tube. Mai '68 n'a qu'à bien se tenir.

Au dedans l'hôpital, j'attends fébrilement et hypertendu les résultats des tests pour savoir de quoi sera faite mon année à venir. Je m'emmerde royalement. Et de temps en temps je fais le mur pour aller m'échapper prendre un café boulevard du Port Royal, parmi les gens normaux.

Sinon, ce matin là pour tuer le temps, je me promène dans le parc du Val de Grâce, histoire de ne plus subir pour la 2 584ème fois l'épopée de la défaillance des freins de piqué sur Fouga Magister au dessus de Base Aérienne d'Istres.

Au bout du boulevard la rumeur enfle, monte et mugit. C'est la manif étudiante du jour. C'est beau comme une révolution d'Octobre matinée de foire du trône.

Le cortège s'approche de l'hôpital. Je m'approche des grilles pour voir passer ces glorieux partisans de la liberté d'apprendre. En quelque sorte, ce sont mes frères dûment encartés étudiants (après paiement de leurs droits d'inscription).

En tête de cortège se trouvent à la fois les plus instruits, les plus virulents aussi. Ces généraux des bataillons des universités Parisiennes ne sont pas sans ignorer que le Val de Grâce est un hôpital militaire. Autant dire LE symbole de cette loi et de cet ordre qu'ils détestent.

Quelques uns d'entre eux, un peu plus loin, sans doutes les orateurs les plus brillants, me localisent en train de geler, derrière la grille, à les regarder passer dans mon survet bleu.

Pas un flic en vue (Pasqua s'est fait taper sur les doigts), il n'y a que moi, tout seul dans ce parc, derrière la grille. Pour eux rien d'autre à se mettre sous la dent.

Il n'en faut pas plus déclencher leur talent oratoire. Les insultes se mettent à pleuvoir dru, ça tombe comme à gravelotte, l'ennemi, le leur, c'est moi.

Tous supérieurement éduqués par leur Bac + un-nombre-considérable-d'années, ils me font moine dans mon habit.

Le boulevard serait encore pavé, je ressemblerais à un Picasso époque cubiste.

J'ai beau leur dire : « bande de cons, vous êtes en train d'insulter un étudiant », il ne veulent voir et entendre que ce qu'ils ont envie, en bon troupeau de panurge.

Je ne serais pas plus surpris d'entendre les mêmes aujourd'hui défendre le libéralisme ou l'altermondialisme avec le même entrain, le même goût pour la subtilité, le sens des nuances et de l'écoute.

Ces gens là ne veulent rien changer à rien, jamais. Ils veulent juste un exutoire. En façade il leur faut un bouc émissaire de niveau maîtrise ou thèse (on va pas se rouler dans la boue des Bac-10 n'est ce pas ?), un coupable digne de leur haut niveau intellectuel.
Mais une fois dans la rue, ils fonctionnent à la bêtise la plus infra-ordinaire.

En dedans leurs ressorts sont les mêmes, et ne volent pas plus haut que leurs insultes.

De quoi justifier – finalement – tous les Charles Pasqua du monde dont ils se font les complices subjectifs.

 

C'est comme ça que je suis devenu un citoyen « dégagé » comme disait l'autre.

Deux jours après j'ai reçu ma feuille de route. Déclaré apte, je suis parti outre Rhin pour 1 an. Je devais y faire le traducteur d'assomantes paperasses écrites en allemand. Sur mon dossier était marqué : langues étrangères : anglais, espagnol, italien.

 

A.V.Rusin / Lénine arrivant à Petrograd

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Commentaires
A
Tu m'étonnes ! Si on m'avait dit un jour que cette mode arriverait, j'aurai traité d'imbécile celui qui m'aurait dit ça ! Quand je pense qu'il fallait nous payer pour porter cette horreur (pas cher d'accord, une solde ça allait pas pisser loin) alors que maintenant il faut payer pour les avoir ! Bon, je pensais pareil pour les pat' d'eph' qu'on nous mettait quand j'étais écolier et que je n'imaginais pas sortir des poubelles où on avait réussi à les plonger !<br /> <br /> Pour Devaquet, tout à fait d'accord. L'idée par exemple d'une sélection à l'entrée de l'université ne me choque pas. Il ne faut pas qu'elle soit basée sur le fric, mais actuellement la fac ne marche pas, en partie à cause de cette massification mal menée.<br /> <br />
L
> Anastomoses.<br /> C'est dingue cette survêt' fashion non ?<br /> Je suis tout à fait d'accord avec toi sur Devaquet, que les étudiants ont pris comme bouc émissaire d'une réforme ou tout n'était pas totalement à jeter au feu.<br /> <br /> Sempé, la vache... quand même c'est la classe.<br /> Me Sempé plus péter moi maintenant. :-)
A
Je vois parfaitement cette scène. Pour avoir porté ce fameux survet', l'avoir jeté le jour où j'ai été réformé, avoir regretté ensuite de l'avoir jeté et m'être fait depuis la réflexion qu'il serait terriblement tendance aujourd'hui et pourrait se vendre chez H&M?<br /> Je la vois pour avoir été dans ces manifs, pour avoir participé à des dizaines d'AG dans ce mouvement contre Devaquet (déjà à l'époque je le plagnais car c'était plutôt un type bien, qui n'approuvait pas sa réforme et j'essayais de dire que ce type était un bouc émissaire, qu'il fallait s'en prendre à plus haut). Je me souviens de m'être heurté avec ces étudiants qui défilaient en disant "on ne fait pas de politique !" Comme si descendre dans la rue n'était pas un acte politique !<br /> (La référence à Sempé est juste, très visuelle ; j'ai ri en lisant ton passage sur l'infirmière?)
L
Pour le survêt tu as raison !<br /> Pour le "truc" j'ai lu ta note trop tard, le mail est déjà parti... :-[
S
... ni pour le survêt (l'est bien où il est)<br /> <br /> ...ni pour le truc "pas trop fin" (l'est bien là où il est)<br /> <br /> (ouiiiiiii, j'arrive! ON MANGEEEEEEEEEEE)
L a V i t a N u d a
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