Lost Dans La Translation
Il faudrait que je regarde plus souvent comment fonctionne mon blog. Il y a pleins de trucs et de bidules là dedans dont j’ignore jusqu’à l’existence. Il y a par exemple cette boite à outils qui vous dit combien de lecteurs viennent vous voir heure par heure.
Heure par heure ???
Ce qui m’a permis de constater qu’on allait sur mon blog entre 3 et 5 heures du matin. Je mets ça sur le compte des visiteurs en décalage horaire ou de quelques insomniaques égarés par d’obscures recherches googleiennes.
Et puis je me suis aperçu qu’il y avait aussi une sorte de top 5 de mes notes les plus visitées. Tout curieux je décide d’aller voir de quoi il en retourne. Et de clic en clic je tombe sur ce post plus très récent dont je publie ici un extrait :
“Then me, Mr Machin with the voice of Douste Blazy under amphetamines - me the pauv' naz' which gloutonnerait the antibios to which better better by plundering the Social Security, I have two (three) words to say to you: I you emmerde.
I you emmerde because you insane of my mouth, in addition to all giving on the back of the antibiotic eaters.
To my knowledge the antibiotics, one needs an ordinance of a doctor. It is necessary to go in pharmacy to find some. Doesn't Ca buy with the prisu a corner between a yoghourt pack and a rod? Then why you do not address to the doctors and to the pharmacists rather than with me?
While you is there you could can be to ask them them, from which this quite French practice comes from antibiotic goinfrer?”
Et alors là : surprise !
Depuis quand est ce que je poste des notes en anglais moi (et dans cet anglais là !) ? Mais pas de doute. Je relis. La note est bien anglicisée. Serait-ce moi le somnambule qui en pleine nuit se met à réécrire ses notes ? Je prend peur un instant, je me vois d’un seul coup, possédé par un démon schizophrène, en train de cracher de la bile, avec la tête qui fait des tours sur elle-même à 180°, en hurlant comme dans l’Exorciste « Your mother sucks dicks in hell ! » hum, enfin bon…
Passé ce moment angoissant, ma nature logique reprend le dessus, et j’en conclus (sans en être vraiment certain) que des visiteurs estrangers ont traduit cette note grâce à un logiciel automatique. Encore un coup de l’anti-France, heureusement que Miterrand est mort, j’aurai peut être fini écouté comme Jean Edern Hallier. Avec le gouvernement d’aujourd’hui, aucun risque de ce côté-là, les évènements récents prouvent que par solidarité avec not’ président, ils sont tous sourdingues !
En tout cas, je reconnais là, la façon subtile dont ces traducteurs automatiques ont interprété la délicate finesse d’une pensée ciselée au fil du temps qui passe, des ineffables bonheurs et des épreuves de la vie (celle-là, elle m’a été soufflée par Jean d’Ormesson).
Par exemple, je trouve admirable cette façon dont « moi le pauv' naz' qui gloutonnerait les antibios à qui mieux mieux » est devenu « me the pauv' naz' which gloutonnerait the antibios to which better better ». Magnifique !! Wunder… pardon, wonderful !
« You insane of my mouth » est assez amusant pour traduire « tu te fous de ma gueule », mais hélas pas vraiment compréhensible. Mais ce « I you emmerde » quoique peu académique, je suis sûr qu’un Anglais peu comprendre, surtout s’il est venu avec sa voiture en vacances dans notre beau pays. C’est que la conduite à droite est propre à susciter de tendres compliments de la part de mes compatriotes adressés à ces massacreurs de Jeanne d’Arc.
Je me demande en revanche comment un lecteur anglophone a pu comprendre quoi que ce soit à une phrase comme celle-ci « Doesn't Ca buy with the prisu a corner between a yoghourt pack and a rod? » dont la complexité lexicale échapperait même à la sagacité d’un maître Capelo. Alors qu’il ne s’agit simplement que de « Ca s'achète pas au prisu du coin entre un pack de yaourts et une baguette ? ».
Essayez d’écrire simplement et voilà comment la perfide Albion poignarde votre style dans le dos !
Et que dire de ce « while you is there » qui m’aurait valu un zéro pointé au bac si j’avais tenté de traduire ainsi « Alors pourquoi tu t’adresses pas à… » !
L’extrait se termine donc en beauté par cette obscure et incompréhensible question : “While you is there you could can be to ask them them, from which this quite French practice comes from antibiotic goinfrer ? » qui est supposé signifier “Pendant que tu y es tu pourrais peut être leur demander à eux, d'où vient cette habitude bien Française de se goinfrer d'antibiotiques ? ».
Heureusement j’aime beaucoup la notion « d’antibiotic goinfrer » ! En l’occurrence cette petite touche anglo-saxonne assez Birkinienne renforce l’idée souhaitée. C’est décidé, désormais dans les dîners ou les Paris Carnets ou je ne vais jamais, je ferais mon intéressant avec mon concept d’antibiotic goinfrer.
Yes indeed !