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L a     V i t a     N u d a
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27 janvier 2005

Personne Ne Peut Comprendre

A l'heure ou les chefs d'état, les survivants et le monde entier commémore la libération des camps nazis, je retiens ceci des témoignages des survivants : "personne -sauf ceux qui y étaient- ne peuvent se représenter ce qu'étaient les camps, personne ne peut comprendre."

Je les crois volontiers.

A ma toute petite échelle, j'ai essayé de me représenter les 5 à 6 millions de victimes de cet au delà de la barbarie.
Je voulais faire une note qui ne comporterait que des 1... un 1 pour chaque victime du génocide. Et rien d'autre.
En écrivant en tout petit (arial, taille 5), je me retrouve avec 332 pages couvertes de 11111111....

Quelle idiotie...
Au moment ou j'écris ça, je me rends compte que ça ne signifie rien de se représenter 332 pages couvertes de 1.

Voilà juste une page, pour que vous aussi, vous ne puissiez pas vous représenter... C'est peut être pour cela qu'on n'oublie pas. On ne peut pas oublier ce qui est au delà de ce que nous pouvons imaginer, et encore moins comprendre.
... Vous voyez, les survivants ont raison.

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Commentaires
L
> Gilda.<br /> Ce qui m'a fait bizarre, c'est que finalement, 5 millions de 1 tiennent sur 332 pages. Je sais pas, je me suis senti pas bien après.<br /> <br /> > Nausicaa.<br /> Oui, c'est bien vu. Et joliment dit.
N
cette representation, cette page, me fais penser à une trame, un grillage, pour retenir les pensées... chaque un ou chaqun existe à coté de l'autre, une unité... une unité qui ne passe pas la trame, qui sera retenue... comme une leçon evidente pour ceux qui savent regarder chaque un individuellement...
G
belle idée cette visualisation à coup de 1<br /> quand l'horreur dépasse à ce point l'entendement, il faut comme tu l'écris trouver un ancrage.
L
> Jocaste.<br /> Merci pour eux.<br /> <br /> > Anne.<br /> Bien sûr qu'il faut essayer.<br /> Mais est ce que ce n'est pas un étrange paradoxe de ce dire que nous resterons marqués par quelque chose que nous n'avons pas vécu, que nous ne pouvons même pas approcher dans sa totalité. Tant ce qui s'est produit, à une échelle industrielle, concentrationnaire, destructrice, contient une part d'inimagi-insupportable ?<br /> barnabé à raison, au fond ce n'est pas vraiment grave. Dans le sens ou ce qui nous échappe est justement ce qui fait coller notre mémoire à cette page de l'histoire, qui est tout sauf un détail. Mais plutôt au contraire, un moment de révolution historique. Révolution : un tour complet radical et transformateur pour revenir au point de départ. C'est pourquoi l'humanité toute entière ne peut plus être la même après ça. Mais elle reste incapable d'enrayer d'autres génocides, sur les "juifs" du XXIè siècle.<br /> Qui pourra dire qu'il ne savait pas pour le Rwanda, les Khmers rouges ou le Sida en Afrique, le Darfour ?<br /> <br /> > Swahili.<br /> Nos larmes révèlent à quel point la Shoah nous concerne tous, intimement (comme le décrit d'une autre façon Samantdi un peu plus loin).<br /> <br /> > Maxime Listere.<br /> C'est un peu ce que je pensais par rapport aux commémorations. Je crois que -sans le savoir- nous entretenons tous un rapport bien plus personnel que nous l'imaginons avec le nazisme.<br /> De la plus horrible des façons, c'est peut être ce qui nous a aidé à rester tous ou presque en paix en Europe jusqu'à aujourd'hui.<br /> Dans la commémoration, je perçois cet attachement, presque cette fascination qu'exerce l'horreur nazie. C'est compliqué à décrire.<br /> Pour donner un exemple, quand je vois un ancien déporté, dans une de ces cérémonies, vêtu comme dans un camp du 'costume' bleu-gris à rayures, je ne peux m'empêcher de penser qu'en lui coexiste aussi le désir de revenir dans ce camp dont finalement il n'a pu sortir psychiquement. Comme si la mort était encore à l'oeuvre, et qu'il fallait se cacher en elle pour y échapper.<br /> <br /> > Samantdi.<br /> Oui, le nazisme comme l'expression d'une sorte de mal absolu. Qui, à un moment ou un autre de sa vie ne s'est pas senti fasciné par le pouvoir absolu qu'on pourrait exercer sur les autres ?<br /> Si nous ne devenons pas des bourreaux, c'est parce que tous les jours nous nous rappelons qu'il n'y a pas que notre bon plaisir, et que nous devons composer avec tous et toutes.<br /> Le nazisme a cela """d'exceptionnel""" qu'il a réussi à embrigader et faire basculer toutes sortes de gens qui pourtant disposait d'un libre arbitre, de capacité de réflexion et de maîtrise sur eux même. L'entreprise des nazis contre leurs victimes a été aussi impitoyable que le baton et la carotte qui a servi à fabriquer des millions de fanatiques aveugles et dévoués. Mais d'une autre façon.<br /> <br /> > Cook'<br /> Il faut trouver les mots pour expliquer, parfois sans tout expliquer non plus. Pas fastoche d'être parent parfois.<br /> <br /> > Buch<br /> Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire ?
B
QUELLES joyeusetées viennent de là !<br /> Quand j'ai compris que certains des lieux où se sont passés trop d'abominations sont des endroits de bonheur héroïques pour certains, "le fer et le sang" horreur pour tous" Ne plus vivre que par le nouvel amour qui fait vivre enfin dans ce nouvel ordre sans nom !!!
L a V i t a N u d a
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