Cinq Choses Que Vous Ne Savez Pas De Moi (1).
En réponse à la demande de Chiboum.
On dit que c’est au moment ou on s’attend le moins aux choses qu’elles se produisent. Mais des choses… on en raconte tellement.
Je me rendais à un cours. C’était un dimanche, et ça devait être une des toutes premières fois ou je m’étais décidé à y aller un dimanche matin. Un dimanche matin ! Et puis quoi encore ? Le dimanche matin, c’est fait pour dormir ! Prendre le temps de se préparer un gros petit déjeuner, avec du pain frais, des croissants, ou des pains au chocolat. Mais ce dimanche matin là, c’était différent.
Qu’est ce que j’attendais le moins ? Rien. Ce qui est le comble de ne rien attendre en quelque sorte. Quand on attend quelque chose le moins, c’est que malgré tout ou l’attend. Et on l’attend d’autant plus qu’on croît bien que c’est ce qui a –justement- le moins de chances de se produire. Encore une expression qui veut dire l’inverse de ce qu’elle prétend !
J’avais écourté mon petit déjeuner, laissé de côté le détour par la boulangerie pour acheter pains au chocolat, croissants et pain frais. J’avais enfilé quelques vêtements à la va-vite en sortant de la douche, rempli mon sac avec un pantalon, un T-Shirt, et des sparadraps à mettre là ou le parquet m’avait griffé la plante des pieds. Et puis j’étais parti.
Alors, toujours de la même bizarre façon, ce qu’on attend le moins, c’est finalement quand on arrive au point ou on n’attend pas, ou on n’attend plus. Quand il n’est plus question de « plus » ou de « moins », mais que finalement c’est la notion d’attendre qui n’a plus vraiment de sens. On est là, on vit, on en oublie d’attendre et voilà tout.
J’ai marché dans la rue, et au bout de quelques minutes je suis arrivé à destination. J’ai poussé la porte d’entrée. Il était tôt et je savais que pendant presque une heure j’aurai la salle pour moi tout seul, avec le parquet, la glace et les barres. Et même je pourrais passer ma musique sur la sono sans gêner personne.
Alors j’avais dû oublier d’attendre moi aussi. Parfois c’est mieux, ou bien c’est juste plus pratique. Plus pratique que se dire qu’on est en train de chercher une aiguille dans une botte de foin, ce qui nécessite une forte capacité à attendre ce qu’on a le moins de chance de trouver n’est ce pas ?
Mais en poussant la porte d’entrée, j’ai entendu qu’il y avait déjà de la musique. Il y avait déjà quelqu’un et ça c’était inhabituel. J’en étais un peu contrarié parce que je n’allais pas pouvoir profiter de la salle vide pour moi tout seul. Mais bon… J’étais là, alors autant y aller. Il y avait un escalier à descendre pour rejoindre le parquet d’où venait la musique. Comme je n’attendais rien, je suis descendu !
Mais ce qui est amusant, si on attend le plus, si on attend le moins, si on a préféré arrêter d’attendre même, c’est qu’on sait exactement à quel moment on trouve. Il y a un avant, et un après de l’attente, et le moment qui passe de l’un à l’autre, c’est immanquable. Ca fait comme un vertige, tellement ça passe vite.
Alors j’ai descendu l’escalier en colimaçon. Et puis j’ai entendu une voix. Et ça a suffit. Pour le vertige. Je me souviens avoir imaginé à quoi pouvait ressembler la propriétaire de cette voix. Ca ne tient à pas grand-chose une voix. Une voix que je n’avais jamais entendu, qui ne m’en rappelait pas une autre, même si c’était comme si je la connaissais depuis toujours.
Evidemment, elle ne ressemblait pas à sa voix. Et ça n’avait aucune importance. Ca peut paraître dérisoire de se dire qu’il suffit d’une voix pour trouver quelqu’un qu’on attendait plus. Mais c’est quant on s’y attend le moins que tout peut se produire.