Zoo le samedi, Zoo le lundi.
A voir samedi les chimpanzés faire les zigotos dans leur cage, il m’en est venue une drôle d’idée… Certes, nous les zetres zumains, nous ne sommes pas des chimpanzés. Aucun Daktari ne nous a planté une fléchette somnifère dans la fesse pour pouvoir nous mettre en cage à des milliers de kilomètres plus loin.
Pourtant, à lire les noms latins dont on les affuble et le descriptif détaillé de leur mode de vie, c’est sûr, des centaines de zoologues se sont arrachés les cheveux dans des marais tropicaux saumâtres, dans des jungles (forcément) inhospitalières à essayer de comprendre le mode de vie des primates, à les classifier, les étudier sous toutes les coutures.
Levi Strauss et d’autres ont fait la même chose ensuite en se mêlant à des peuplades primitives (ou « premières » comme on dit maintenant). Et des sociologues ont eu la même curiosité par rapport à nous dans nos sociétés proclamées civilisées.
Mais à voir les visiteurs des zoos, et les singes en cage, on ne sait pas toujours lequel observe l’autre faire le zouave de l’autre côté de la vitre.
Et ce lundi, en reprenant le chemin du boulot, j’avais un peu l’impression de retourner aussi dans un zoo. De mon plein gré me direz vous. Sans doute ne nous tiens t’on pas en cage, mais pour la plupart d’entre nous la nécessité d’un salaire vaut bien la chasse par le Daktari local. Et vu la situation, je dirais même qu’il y a plus d’animaux aujourd’hui essayant de se faire chasser leur tête que de places dans les zoos d’entreprise, ou il est bon que nous fassions notre numéro de cirque pour assurer la compétitivité de « not’ boite » (ajouter ici une ode de votre choix à la gloire entrepreneuriale).
Et si cela n’empêche pas le plaisir, s’il y a –heureusement- des exceptions, la vie en société anonyme d’aujourd’hui n’en constitue pas le but, en tout cas pas plus qu’une cage aménagée ne vaut le plaisir d'une vraie savane, ou une vraie jungle.
Alors en repensant à ma promenade de samedi, et au bonheur simple en bonne compagnie qu’elle a été. En voyant des chimpanzés s’amuser de nous au point qu’on pouvait se demander lequel était le spectateur de l’autre j’ai simplement pensé qu’un instant de bonheur pouvait se trouver partout, à n’importe quel moment, en toute circonstance.
Que pour cela, il suffisait d’attendre qu’il vienne à vous. D’être disponible pour lui. Et qu’alors, il y aurait toujours un moment ou une forme de joie et de plaisir viendrait vous tapoter sur l’épaule en murmurant un « coucou qui est là ».
Mais qu’à vouloir mettre le bonheur et la joie en objectif, en rationalité, en paramètres, en économétrie de toute sorte –comme il est de règle dans l’efficacité économique et la vie en entreprise- on ne ferait somme toute, que toujours passer à côté des choses, des vraies.