2007, Année Electorale.
6 924 !
Six mille neuf cent vingt quatre, c’est le nombre de familles qui bénéficieront d’une régularisation au titre des critères de la circulaire Sarkozy sur un total de 23 000 familles ayant déposé un dossier. Les autres, subtile distinction, rentrent donc à la fois dans les critères d’exclusion du territoire, mais « ne seront pas tous expulsés » dixit Arno Klarsfeld.
Ce chiffre annoncé par N.Sarkozy lui-même illustre bien la façon dont est conduite cette affaire. Car il est annoncé alors que les préfectures n’ont pas encore terminé d’examiner les dossiers qui lui ont été transmis. Arno Klarsfeld à plusieurs reprises a indiqué qu’il n’avait pas reçu les dossiers de tous les cas particuliers dont on lui fait part. Ce qui ne l’empêche pas par ailleurs de rappeler que par la même occasion il n’a aucun pouvoir de décision en la matière. A quoi sert il ? A part promener sa tronche là ou il y a des journalistes pour tenter de faire passer la pilule en mettant sous les projecteurs quelques cas particuliers régularisés, au détriment du reste. D’ailleurs, quand on demande à MM. Sarkozy et Klarsfeld comment il faut comprendre les termes de la circulaire : faut-il répondre à un seul des critères, plusieurs ou tous pour espérer une régularisation ? L’un comme l’autre se gardent bien de répondre. Mais les directives du Ministre de l’Intérieur aux préfets pour faire du chiffre sur les reconduites aux frontières, et la chasse aux sans papiers sont, elles, tout à fait claires et sans ambiguïté, ce qui les conduit à « faire du chiffre ».
Conclusion : la présidentielle arrive, et cette vaste supercherie ne vise qu’à faire tomber quelques votes sécuritaires dans l’escarcelle du candidat de l’UMP.
Peu importe que des enfants scolarisés aient à en faire les frais, que des familles soient séparées ou amenées à vivre clandestinement, que des rapatriements arbitraires et stupides soient prononcés, que des droits soient bafoués, que les mots « intégration » ou « nation » ou « France » ne se vident du même coup de leurs sens et conduisent à la radicalisation de beaucoup.
2007 année électorale, voilà tout ce qui importe à notre ministre d’état. Mais j’ai peut être tort après tout !
L’Etat c’est lui, voilà sa seule et unique ambition. Mais elle n’est digne que du niveau auquel il souhaite la situer. Celle d’un politicien qui ne recule devant aucun artifice pour satisfaire son ambition personnelle.
Mais certainement pas l’ambition d’un homme d’Etat.
C'est-à-dire que moi, ce que je croyais, c’est qu’un homme d’état, c’était quelqu’un qui cherchait à voir plus loin que le bout de son nez, qui ne jouait pas ce qu’il pouvait gagner l’heure suivante contre ce qu’il pouvait perdre pendant des années. En tout cas, que ce n’était pas quelqu’un en perpétuelle recherche de boucs émissaires électoralistes : les immigrés sans papiers forcément indésirables, les jeunes sauvageons forcément dangereux, les fonctionnaires forcément feignants, les salariés forcément trop peu flexibles, les retraités toujours trop protégés, les familles obligatoirement incapables, les ceusses qui pensent autrement forcément incohérents…
Alors un homme d’état aujourd’hui, c’est quoi ?