Le Voleur de Bicyclette
C'est à des petites choses comme celles-ci que -pas de doute- je me dis "Ayé, je suis bien rentré chez moi (à Paris)".
En deux jours, moi le modeste piéton lambda des trottoirs parisiens, j'en suis à mon deuxième accident de la route ! Le 1er, avec un de ces djeunz baggy-casquette que je n'ai pas vu arriver dans mon dos pendant que je traversais une rue, en sens unique et que bien sûr il prenait à contresens et à toute berzingue...
Grosse collision évitée de justesse (pas grâce à lui), et explication des gravures après le "rogntudjuu" réflexe d'usage : "Dis donc, quitte à prendre un sens interdit, le mieux c'est quand même de garder les yeux ouverts histoire de ne pas embrocher le 1er passant venu !".
Réponse du cycliste-aigle-de-la-route : "Nggg !".
Je constatais alors que s'il avait bien les yeux ouverts, son cerveau lui semblait passablement désactivé. Je tentais alors un "Tu m'entends quand je te parle Kevin ?" (car je supposais à son air éveillé qu'il devait se prénommer Kevin).
"Nggg" reprit-il de plus belle, me conduisant à abandonner tout effort supplémentaire pour établir un contact intelligible avec lui.
Deuxième épisode ce matin. Traversée à un carrefour avec un petit bonhomme vert pour moi... "Ah ben alors jeu traverseuh". Bling ! Deuxième collision avec jeune maman emmenant sur son vélo son gaminou à l'école. Rattrapage dudit gaminou en catastrophe avant que lui et le vélo ne s'écrase sur le pavé (pas grâce à la maman le rattrapage). Et re-engueulade :
"Dis donc madame, le but du casque antichoc sur la tête du gamin, c'est pour te donner le droit de griller les feux aux carrefours et de prendre un virage sans visibilité ?".
"Ah c'qu'eu j'ai eu peur dis donc" anonne t'elle dans un souffle.
Bon, celle-là elle parle, y a du progrès pensais-je alors, en continuant : "Etre en vélo, ça ne vous donne pas le droit de faire n'importe quoi quand même ! Et si à ma place ça avait été une autre maman et une poussette avec son bébé dedans ?".
"Ah c'qu'eu j'ai eu peur" reprend-elle alors, en remontant sur son vélo les jambes flageolantes et en s'éloignant sans un "Excusez Moi", un "Et vous, vous n'avez rien ?" ou même "Merci d'avoir rattrapé mon gosse". Me plantant là en pleine """héberluétude""", tout juste capable de murmurer au bébé "Bonne chance Kevin, avec une mère comme ça t'es parti pour devenir un abonné du dispensaire scolaire".
Après les 4x4 urbains, la plaie routière autour de chez moi c'est les vélos.
C'est un peu de ma faute aussi, après 1 mois loin de toute circulation intensive, j'avais oublié que qu'elles que soient les circonstances, un piéton ici doit sans cesse avoir des yeux de mouche pour échapper aux habitudes de tous ces cinglés animés du "n'importe nawak du moment que moi, moi, moi et encore moi... je roule y compris sur tout ce qui se trouve devant mes roues".
Mes roues, mes roues... mes roues pètent oui !
(image : moviecovers.com)