Voilà... C'est Fini...
Et voilà, c'est fini. Fini la coupe du monde...
Ceux qui ne supportent pas le sport à la télé vont pouvoir échanger leur "insupportation" du ballon rond contre leur "détestation" du vélo maintenant. Vous pensiez avoir échappé à 22 gusses en short sur une pelouse, et bien vous aurez droit aux même en version gambettes épilées, maillots couleurs à rendre hépatiques et casques profilés pour améliorer la pénétration de l'EPO dans l'air.
Mais quel final ! Beau comme une tragédie Grecque ou un western spaghetti.
Pourtant j'ai failli la bouder cette finale. Pour commencer j'étais fatigué. Depuis 3 matches pas moyen de dormir avec tous ces concerts de klaxons toute la nuit, les cris et hurlements de joie, les sirènes des ambulances et de la police... Ca fout un souk une équipe en Finale ! Que fait Sarkozy ?
J'avais pourtant commencé par faire preuve de bonne volonté. J'avais allumé la télé et TF1 !
Argh ! Quelle erreur !
J'ai failli tout jeter par la fenêtre prématurément. Cette chaïne a dû tellement avoir la trouille de ne pas rentabiliser "son" Mondial par une élimination précoce de la France que du coup c'était un véritable bourrage de crâne, un lavage de cerveau disponible à grand coups de "Allez les Bleus", de "Zidane Y Va Marquer" (ce qui fut dit fut fait) et d'inscription à tout bout du champ du temps séparant le spectateur du début de la dite finale. Au bout d'une 1/2 heure à supporter d'être gavé comme une oie comme ça, j'éteignais la télé, me promettant de ne l'ouvrir qu'à quelques minutes de l'heure fatidique.
Le reste vous l'avez vu comme moi.
Eh oui, une vraie tragédie antique ! Deux équipes qui prennent le dessus à tour de rôle l'une sur l'autre. Aucune qui réussit à prendre le large. Des joueurs dans le rôle du choeur antique, d'autres dans celui des héros du jour. Et bien sûr le héros mythique à lui tout seul, ZZ, Zinédine Zidane.
En un match, un véritable exploit, une épopée même...
Et vas y que je te marque un but pour commencer, que j'en sauve un ensuite. Et vas y que je joue un peu péniblement en tentant de forcer le destin, mais qu'aussi je réussis avec 3 gusses sur le paletot à dégotter des passes impossibles d'une seule touche de balle.
Et bien sûr qu'en 10 minutes je passe de l'incroyable - cette tête que le gardien Italien sauve on ne sait comment - à un autre incroyable - une expulsion dans les dernières minutes du match après un coup de boule cette fois.
Au théâtre, personne n'aurait osé imaginer un truc pareil. Zinédine Zidane ne l'a pas imaginé.
Lui, il l'a fait.
Il a rassemblé en une seule rencontre, et pas n'importe laquelle -une finale de coupe du monde- ce qui fait d'un joueur le plus grand, et aussi le moins estimable. ZZ n'a jamais été (qu') un ange sur le terrain, mais de là à ce qu'il réagisse de cette manière contre un adversaire, on aurait bien du mal à ne pas imaginer qu'il y a eu quelques raisons à cela.
Mais trop tard. La tragédie doit être tragique justement.
Zinédine Zidane est expulsé pour le dernier match de sa carrière, sous le regard de 3 milliards de spectateurs qui n'attendaient que lui, prêts quelque soit le résultat à en faire leur héros. Il ne reviendra pas sur le terrain pour consoler les autres joueurs, il ne dira pas au revoir au public, ils ne verra pas les Italiens brandir la coupe... la porte de sortie vers laquelle il se dirige rapetisse jusqu'à engloutir son n°10.
Comme d'habitude dans ces cas là, honte, orgueil et colère mêlée il part seul vers le vestiaire. Capable à lui seul d'avoir fait passer son rêve au cauchemar.
D'un seul coup la statue du commandeur longuement construite pendant des années par tous les discours officiels ou pas, les télés, les journalistes, les supporters, les fans, les entraineurs, les sélectionneurs... La belle image se lézarde.
Zinédine Zidane n'est qu'un homme.
C'est ça qui est tragique pour un public incrédule, presque trahi.
Pas une icône, pas un modèle, pas un héros, pas un surhomme, pas la perfection.
Zinédine Zidane.
Juste un être humain.
Pensez en ce que vous voulez, mais tout en étant triste pour lui et son dernier match, j'ai trouvé ça un peu rassurant.