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L a     V i t a     N u d a
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2 février 2006

Revenir Du Village.

Dans quelques mois à peine, dans quelques semaines L. saura.
L. prendra l'avion avec son mari. Ils partiront loin. Ils passeront le temps qu'il faut dans ce pays, tout là-bas. Ils y rencontreront pleins de gens. Ils auront des tas de choses à y faire, le plus souvent nécessaires, lentes, tatillonnes. Mais cela aussi c'est nécessaire.
Là-bas ils respireront un autre air, auront dans les yeux une lumière différente, d'autres sons dans les oreilles. La nourriture, les odeurs, seront différentes. Les gens, leurs façons de vivre aussi.
Ils seront ailleurs.

Après des années de vie, après un long parcours sinueux et parfois difficile, souvent contrariant, même douloureux... Après pleins de décisions, de changements, de retournements de situations... Après de nombreux moments de bonheur aussi... L. finira bien par y monter dans ce village loin là-bas.
C'est qu'il en aura fallu de la patience, de la volonté, et de l'amour aussi pour pouvoir y aller jusqu'à ce village.

Et puis L. en repartira, avec son mari ils quitteront cet endroit, peut être pour toujours.
Mais avec elle, L. emmènera un peu de ce village, un peu de son âme, de sa lumière, de son air, de ses sons, un peu des regards de tous ceux qui vivent là-bas.
Elle emmènera avec elle un trop plein de l'âme de ce village. Un tout petit trop plein ! Un trop plein minuscule mais qui prend trop de place là-bas. Trop de place pour qu'il soit possible de s'en occuper comme il faut.
Un trop plein qui déjà a besoin de se déverser, de trouver quelqu'un comme L. et son mari, d'en être aimé pour apprendre à se tenir debout puis marcher dans les rues et les sentiers d'un nouveau village, vers de nouveaux bras, de nouveaux visages, dans son nouveau pays. Ici.

Ils ne sont pas encore partis L. et son mari qu'on attend déjà qu'ils en reviennent de là-bas !
Ils devraient déjà en être revenus !
C'est que j'ai hâte de les revoir. C'est que j'ai hâte de montrer à leur bébé tous ces lieux, ces gens, ces choses, avec lesquelles j'ai fabriqué ce village mi-réel, mi-imaginaire qui est devenu mon chez moi.
Pour qu'il se sente chez lui aussi.

benettonmano

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Commentaires
L
> Anne.<br /> Pour l'instant L et son mari en sont à l'ultime étape avant le départ. Ils attendent le feu vert pour pouvoir prendre l'avion.<br /> Mais c'est vrai que c'est ensuite que la grande aventure commence. J'ai hâte pour eux !<br /> :-)<br /> <br /> > K.<br /> Merci beaucoup pour cette jolie contribution.<br /> <br /> > Faz.<br /> Oui, c'est vrai que c'est un geste de maturité. Mais je crois qu'il faut ajouter que ce geste est à la fois un geste de maturité et aussi qu'il répond à ce qu'on appelle "le désir d'enfant" et qui lui engage sur tant de choses si personnelles et affectives.<br /> C'est peut être pour ça qu'un processus d'adoption est long, complexe, précautionneux et pénible.<br /> <br /> > Pascale.<br /> Merci pour eux !
P
Heureux élu et tous mes voeux de bonheur aux Parents !
F
Je me suis souvent dit qu'il y avait tant d'enfants sur terre n'ayant plus de famille -ou que leur famille ne pouvait nourrir- que l'adoption était vraiment un acte de maturité; plusieurs années sont parfois nécessaires pour aboutir: quelle gestation! Par contre je me demande si les enfants cherchent toujours à revoir leurs parents ou leur pays, et s'ils trouvent un apaisement par rapport à cela…
K
Contribution ! <br /> Le texte est tiré d'un album de littérature pour la jeunesse "Moun" (de RAscal & Sophie) . Appréciez la douceur. <br /> ------------------<br /> Lorsque Moun poussa son premier cri, la guerre ne se tut pas.<br /> Dans le bruit et la fureur, elle détruisait tout sur son passage.<br /> Le riz vint à manquer. Alors, son père confectionna une petite boîte pour envoyer Moun de l’autre côté du grand océan. Il y déposa leur premier enfant et leurs derniers espoirs.<br /> La petite boîte contre leur cœur, les parents de Moun marchèrent enlacés jusqu’à l’océan. Perdus dans la nuit noire, ils attendirent que la marée haute et le vent du large emportent leur enfant.<br /> Portée par l’écume et les vagues, Moun commença son long voyage.<br /> Un matin de printemps, la petite boîte échoua parmi les étoiles de mer et les coquillages égarés. Face à l’océan, vivait un jeune couple amoureux. De la fenêtre de leur chambre, ils aperçurent la boîte de bambou sur le sable mouillé. Habillés en toute hâte, ils coururent main dans la main jusqu’à la plage. Ensemble, ils coupèrent le cordon qui enlaçait la boîte. En découvrant le bébé aux yeux d’amande, ils surent que Moun serait leur premier enfant.<br /> Petit à petit, les nuits de veille firent place au sommeil tiède et profond. Puis vint le jour du premier sourire.<br /> Moun ne devait jamais se souvenir de son long voyage, des larmes et du fracas des bombes.<br /> Un soir, ses parents lui annoncèrent l’heureuse nouvelle : Moun ne serait plus enfant unique.<br /> Elle devint l’aînée de quatre frères et sœurs. Complicité, rires et bonheur émaillèrent la vie de la petite maison des dunes.<br /> Quand elle fut grande, ses parents lui expliquèrent comment, par une matinée de printemps, elle était arrivée jusque chez eux. Et pourquoi ils l’avaient adoptée et aimée.<br /> Moun était triste et heureuse à la fois. Quand les jours étaient trop gris, elle ne pouvait s’empêcher d’en vouloir à la guerre et à ceux qui l’avaient mise au monde, puis confiée à l’océan.<br /> Mais au fil du temps, Moun se rendit de plus en plus souvent au bout de la jetée. Elle savait à présent que de l’autre côté de l’horizon, on l’aimait aussi.<br /> Un soir d’automne, Moun remplit la boîte de bambou de tout ce qu’elle avait aimé pendant ses années d’enfance.<br /> Elle la serra une dernière fois contre son cœur et la confia à l’océan.<br /> * * * <br /> JMichel
A
On en parlait avec Boss ce matin (4 enfants dont un adopté), de ce qui fonde (au pluriel) le désir d'enfant et comment ça arme, parfois à contre-temps, pour la grande aventure qui suit.<br /> <br /> Le processus lui-même et ce qui suit, le rejet parfois par l'enfant, son désir de voir si l'amour des parents tiendra vraiment vraiment bon, quoi qu'il fasse, comme s'il était "un vrai".<br /> <br /> C'est poignant et très beau. Et très dur. Enfin un peu comme la vie, en fait. Mais tu as raison, beaucoup beaucoup à en dire et à en écrire.
L a V i t a N u d a
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