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24 janvier 2006

Le Peer reste à venir ?

(suite de la note d'hier).

L’invention du robinet musical : la douche froide ?

Toi l’internaute tu serais donc le seul responsable du bordel économique créé par cette lutte pour le pouvoir culturel et tous les moyens possibles d’en tirer un maximum de fric. Ben tiens !

C’est toi qui menace de couler les industriels du disque en téléchargeant gratos le dernier U2, le dernier Britney Spears, 50Cents, ou Daft Punk ! Vilain ! Comme si la technologie te le permettant était apparue par génération spontanée !

Mais s’il n’y avait que la technologie !

Pour beaucoup d’internautes la musique est là, partout, et il n’y a qu’à se baisser pour la ramasser gratuitement. Et il n’y a rien de mal à cela.

Mais comment en est on arrivé là ?

On en est arrivé là parce que ces mêmes industriels du disque n’ont eu de cesse de fabriquer un robinet à musique tiède, et à donner à croire que la musique, au fond ça ne vaut pas grand-chose.

Commençons par en finir avec ces malheureuses "majors" dont la survie serait suspendue au seul succès planétaire du dernier Cd de « truc » ou « bidule ». C’est même pô vrai !

Ce qui est un peu plus vrai c’est que toutes les multinationales du disque n’ont eu de cesse de devenir de plus en plus grosses en rachetant des labels à tour de bras. Parce que bien sûr quand on veut devenir un disquaire « worldwide » c’est qu’il faut en avoir des artistes et des titres à mettre sur le marché. Bon.

Sony ou Universal ce sont des tas de labels rachetés, dont elles gardent précieusement le nom, la marque, pour l'image qu'elle conserve auprès des amateurs (quel amateur de classique ne connait pas Decca, ou Deutsche Gramophon, quel amateur de reggae ne connait pas Island, de rap Def Jam, etc...). Autant de cases pour eux permettant aussi de ranger leurs nouveaux talents et de les signaler à leurs "cibles clients".

Dans ce métier comme dans d’autres on a eu droit à des rachats et fusions en tout genre pour que les plus gros bouffent les plus petits. Ce coup-ci, c’est de la concentration horizontale on appelle ça. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des gros balaises de capitalisation boursière qui pèsent très lourd et des petits labels indépendants qui ont grosso modo le choix entre rester trop petit pour intéresser les gros, ou grossir et être rachetés à leur tour. Et les conséquences de ce mouvement ne sont pas qu’innocentes.

D’abord ce qu’il faut savoir c’est que l’industrie du disque ne gagne pas tant d’argent que cela avec les nouveaux artistes (en dehors des gros succès des stars planétaires genre M.Jackson ou Madonna). Les nouveaux artistes coûtent cher tout simplement et réclament beaucoup d’effort, de temps et de travail de la part de cette industrie. Ce qui rapporte beaucoup, beaucoup de sous c’est le catalogue. Aaah le catalogue ! C’est merveilleux le catalogue !

C'est le fond de commerce ! C’est tout plein d’artistes célèbres et de musique qui ne coûtent plus grand-chose en marketing et en investissement. Et pleins d’artistes qui vendent encore beaucoup, beaucoup de disques sans aucun effort à faire. Eh oui, des années après leur disparition les Brel, Brassens, Cloclo, Sinatra et même les Michel Delpech ou Daniel Guichard font gagner de l’argent (et pas qu’un peu) aux propriétaires de leurs titres. Je ne vous parle même pas des Beethoven, Mozart et autres Ravel pour lesquels il n’y a même plus de royalties à reverser aux ayants droit.

Et puis le catalogue ça permet de faire pas cher des tas de belles compil’ et de cd « nice price » pour inonder les hypermarchés pour que dalle. Et ça, ça ne donne pas à penser que la musique ça ne coûte rien ?

Ah et puis les hypermarchés et les distributeurs, c’est vrai qu’il ne faudrait pas les oublier ceux-là !

Car c’est beaucoup à cause de la concentration des circuits de distribution que les maisons de disque se sont rachetées les unes les autres. Pour survivre, il fallait bien qu’elles aussi soient capables de devenir aussi importantes que les réseaux d’hyper ou les gros de la distribution culturelle. Pour pouvoir vendre non plus de la « musique » mais du volume, du linéaire, de la tête de gondole, des offres spéciales et des nice price… sans oublier surtout de payer au hypers de la marge arrière…

La musique c’est ce que les hypers appellent des « produits d’appel ». C’est le Cd de Zazie ou de Vincent Delerm, ou le best of de André Rieu que la ménagère de 50 ans achète pour pas cher en même temps que ses plats surgelés, son shampoing, son steack. Et ça, ça ne donne pas à penser que la musique ça coûte rien, et que donc ça pourrait être gratos ?

Etape supplémentaire pourquoi se limiter au catalogue ?

Pour les apprentis chanteurs il n’est plus question d’artiste mais de produit. La musique c’est comme la lessive ou les conserves. La musique se conçoit comme un concept marketing, avec une stratégie commerciale. On parle de cible, de lancement, de positionnement marché, de niche à valeur ajoutée… On s’associe aux télés, aux radios à la presse pour des lancements publicitaires d’abord.

Et plus tard on passe directement à la fabrication de produits conjointement avec les médias, ces « Stars » dont la « surface médiatique » est le plus souvent inversement proportionnelle à l’intérêt artistique. Le royaume du pré-fabriqué et du pathétique musical. Et ça, ça ne donne pas à penser que la musique ça ne coûte rien ?

Mort et renaissance des petits.

La cerise sur le gâteau de ce phénomène de concentration, c’est la disparition du réseau de disquaires indépendants qui aurait permis de limiter les dégâts en donnant aux amateurs les moyens de trouver facilement de la musique non pré-vomie – oups – digérée. Ou de ne pas être limitée à l'offre indigente offerte dans les points de vente, laors que les catalogues des maisons de disques regorgent de pépites.

Car l’industrie du disque Française toute heureuse de fourguer du cd à la tonne et de se faire un paquet de fric, n’a jamais voulu d’un équivalent de la loi Lang sur le livre qui a permis en France en tout cas de conserver un réseau de libraires indépendants chercheurs et découvreurs, capables de trouver un public qui s’en fout de la tête de gondole en hypermarchés.

Des indépendants capables de conserver une vie musicale active, renouvelée, vivante.

C’est comme ça qu’on arrive aujourd’hui à un nombre de 60 disquaires en France. Pour combien d’hypers, de Fnac et autres Virgin Mégastores ? Et ça, ça ne donne pas à penser que la musique ça coûte rien donc et que ça pourrait être gratos ?

Pas bête pourtant l’industrie du disque s’associe aux labels indépendants ou les surveille de près. Les petits font le boulot de découverte de nouveaux styles et de nouveaux talents. Et quand ça marche les gros rachètent les artistes à un prix que ne peuvent pas suivre les indépendants. Le risque aux premiers, la vente en volume aux seconds.

Et puisque le marché du disque est un marché très volatile, aussi changeant que la mode car il faut sans cesse stimuler l’envie d’achat du consommateur pour un « nouveau groupe de l’année » qui change toutes les semaines, les industriels du disque n’hésitent pas.

Dès que quelque chose marche, il y a aussitôt production d’une armée de clones pour profiter à fond du succès. Star Ac, Nouvelles Stars, singles de Lofteurs, tant que ça marche on fonce et après on jette. Idem pour les succès des comédies musicales fabriquées à grands coups de pub et soutien télé. Peut importe le contenu du moment que le passage en tiroir caisse suit. Résultat : toujours les mêmes titres et les mêmes clips qui squattent les télé, radios, sonneries de portable… segmentées selon le public concerné.

La variétoche daubasse chez TF1 et RTL2, le R’n’B et le rap pouri chez M6 et NRJ ou Skyrock. La musique devient même le point de départ pour gagner de l'argent grâce aux produits dérivés, comme les sonneries téléphoniques à télécharger qui rapportent beaucoup, beaucoup de sous..

Naissance de la musique jetable.

Et ça, ça ne donne pas à penser que la musique ça ne coûte rien ?

Mais voilà que la technologie arrive. Pour pas trop cher un PC ou un Mac peut se transformer en home studio, et les fichiers musicaux peuvent s’échanger sur internet facilement. La revanche des Jedi de la musique contre l’armée des Clones des hommes en gris de l’industrie musicale est en route.

Elle va semer la révolution à partir du courant de la musique électronique.

Ca va saigner !

(à suivre demain).

best_of

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Commentaires
L
> Richard.<br /> Merci, heureusement qu'on peut aller chez toi pour y prendre la clé des champs !<br /> :-)
R
C'est très bien vu, ça. Les majors n'ont pas imaginé à quel point leur manière de nous vendre leur merde allait finalement influencer notre rapport à la musique et nous préparer insidieusement à ce que nous commettons aujourd'hui. Et puisque nous sommes à l'ère du compactage, j'en profite ici pour te témoigner toutes mes confuses sur le sort de ta clé.
L
> Bolble-e.<br /> Et excellent commentaire aussi !!!<br /> ;-)
B
Excellent Article
L
> Anne.<br /> "Celui qu'il ne faut pas nommer" (uh uh uh) est devenu un gros poisson de la nouvelle (?) scène Française. Faut bien le reconnaître, hélas (grrr).<br /> Ceci dit, ses opinions ont l'air d'être à la hauteur de ses chansons.<br /> La seule chose que j'ai apprécié le concernant, c'est quand il a ostensiblement lu l'Equipe pendant qu'un comique pas drôle tentait de lui tailler un costard sur Canal+.<br /> Mais c'est pas ça qui va me décider à acheter ses disques.<br /> <br /> > Barnabé.<br /> Je ne voulais pas t'offenser. C'était juste pour montrer que pour les Hypers, tout ça c'est la même chose. D'ailleurs, je suis certain qu'on y trouve aussi Cali !<br /> Oups... je sors !<br /> :-))<br /> <br /> > Anitta.<br /> Oui, c'est vrai que la musique classique ne fait pas recette. Sa place se réduit comme peau de chagrin. A la télé à part "Les Victoires de la Musique Classique" et Arte le dimanche soir, on n'en voit pas à des heures raisonnables. Et malgré les Nigel Kennedy ou la pianiste qui aime les loups et dont la jolie plastique attire les caméras, pas grand chose à se mettre sous la dent.<br /> Hélas, le classique garde l'image surannée... du classique. Y a du boulot ! Alors que les conservatoires sont pourtant bourrés à craquer !<br /> <br /> C'est vrai j'ai acheté le fameux coffret Mozart à 89 Euros (pas 200, et vendu chez Gibert 10 Euros de moins. Pub !).<br /> Je ne vais pas prétendre me tenir à l'écart de ce genre d'offres en tant que consommateur. Pour info, il n'y a que 2 intégrales Mozart. La fameuse dont j'ai parlé par Abeille Musique. Et celle de Philips, vendue... 850 Euros.<br /> C'est une simple question de moyens en ce qui me concerne. J'ajoute que cela ne m'a pas empêché d'acheter au prix normal d'autres enregistrements de Mozart. Un peu comme quelqu'un qui télécharge de la musique, ira aussi acheter des disques (je précise que je ne télécharge rien en ce qui me concerne).<br /> <br /> Dans cette histoire, ce qui m'a énervé c'est le texte incendiaire de Patrick Zelnick (patron de Naïve, un petit label plus si petit que ça), associé au patron des Victoires de la Musique Classique et aux artistes sous contrat chez... Naïve (ben tiens).<br /> Sois disant le coffret Mozart est nul artistiquement, et ce prix dénature le boulot des artistes.<br /> Patrick Zelnick qui a été le boss de Virgin connait pourtant très bien les us et coutumes du métier. Il sait bien que les gros labels misent sur les grands noms et les compilations, pour le classique comme pour le reste, et qu'ils ne font pas d'effort pour les jeunes ou exploiter intelligemment leur catalogue. Qu'ils laissent cela aux Harmonia Mundi qui préfèrent jouer l'image "classicos Chicos" dont je parlais plus haut. Ou Naïve qui effectivement fait un peu plus d'effort vis à vis de nouveaux interprètes.<br /> <br /> Mais ce coffret Mozart a pris la logique des labels à son propre jeu. D'abord Abeille Musique n'y est pas pour grand chose, c'est surtout dû au boulot de "Brilliant", un éditeur Hollandais qui connaît très bien les catalogues classiques.<br /> Le faible prix (58 centimes le disque) vient de l'exploitation d'enregistrements un peu anciens, laissés en jachère et donc acquis à peu de frais et avec des droits réduits.<br /> Mais en tout cas, les enregistrement sont bons et n'ont rien à envier à ceux des stars officielles du classique. Tout juste si sur certains Cd on entend un peu de souffle pour les plus enregistrements les plus anciens.<br /> Ensuite quand on prévoit de vendre 200 000 exemplaires de ce coffret, soit 26 millions de CD (!!!), on a les moyens d'en négocier le coût de production.<br /> Les deux font qu'on arrive à ce prix de 100 Euros, comme quoi les gens de Brilliant "connaissent la musique" (uh uh) et ont pris au mot le fonctionnement de l'industrie musicale.<br /> <br /> Je crois que si Zelnick en avait eu l'idée, il ne s'en serait pas privé. Et c'est pas bô d'être jaloux !<br /> Il semble aussi que ce prix riquiqui ait amené beaucoup de gens à l'acheter, et des gens qui d'habitude n'achète pas de classique. Est ce que cela va relancer les ventes de ce secteur sinistré ? Je ne sais pas, je pense plutôt qu'il s'agit d'une sorte d'effet "prix Goncourt". Un objet qu'on achète parce que... mais dont on ne profite pas forcément.<br /> <br /> > Planeth.<br /> C'est pour ça que je ne fais plus mes courses en hypermarché. Ca me déprime !<br /> :-)<br /> Même les pâtes n'ont pas le même goût à l'arrivée dans l'assiette. Je revendique le droit à mettre un peu d'humanité dans mes pâtes (j'ai pas dit d'être humain !).<br /> :-)<br /> Et les kilomètres de linéaires, les chariots maousses, et les 75 caisses alignées les unes à côté des autres... c'est pas humain.
L a V i t a N u d a
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