Just for one day...
Quittons les contrées s-ombres de ma note d'hier.
Vous-est il arrivé de rencontrer des héros instantanés ?
J'espère que oui ! Cela veut dire que vous êtes, avez-été (peut-être serez à nouveau un jour ?) jeune. Il faut être jeune pour que parfois sur de petits riens, on puisse se créer un héros instantané, un peu comme une soupe Royco, un Nescafé, sauf que là ça a vraiment du (bon ?) goût. Il faut l'innocence, l'insouciance, la foi et la capacité à s'enflammer pour un rien. Sinon ça marche pas.
Généralement, ensuite on perd un peu de cette capacité. On a tendance à devenir raisonnable, adulte, mesuré, pondéré... un peu con et chiant comme les plus jeunes que nous nous le ferons comprendre un jour ou l'autre ! Ces salopiots immatures et décérébrés !
:-)
A l'époque je ne le connaissais que de renom ce futur héros instantané.
Il avait une réputation un peu inquiétante, le genre de gars un peu bizarre, aux moeurs dissolues et imprévisibles... le genre "artiste" quoi ! Ils faisaient peur aux parents, fascinait les grands frères et soeurs aux goûts modernes et underground, était inconnu des Top50 de cette époque tout en trainant une réputation dans son genre sans tâche.
Malgré cette grande classe, aucun de ses titres n'avait encore atteint mes oreilles. C'est pas sur les radios de cette époque qu'on avait beaucoup de chance de pouvoir l'entendre. La FM n'existait que pour FIP que l'écoute cotonneuse et somnifère m'avait fait rebaptiser Flip. C'est qu'j'en avais de l'humour à ct'âge là !
Quand aux radios généralistes, entre la Valise RTL de Michel Drucker et Les Grosses Tetes ou le Jeu des Mille Francs on était encore très très très très loin de la moindre note un peu rock'n'roll.
Le plus subversif c'était les chansons étiquetées communistes de Jean Ferrat ou de Colette Magny, passées clandestinement une fois par an sur les ondes par de dangereux cryptos-marxistes en guerre contre les bienfaits de la société d'alors. Heureusement l'état veillait sur nous, et ils étaient renvoyés illico en exil ardéchois ou sur le plateau du Larzac, ou officiaient ensuite à FR3 Territoire de Belfort.
Et puis un jour finalement j'en ai entendu une de ses chansons.
Ou plutôt : la chanson.
En une seule écoute le héros instantané avait pris forme. Il existait, il avait un nom, un disque avec cette chanson dessus qui allait pouvoir passer sur ma platine encore et encore et encore, jusqu'à ce que la galette noire en devienne transparente. J'étais rassuré, je n'étais pas seul. Quelqu'un entendait les sons que je n'étais pas capable d'inventer et les mettait en musique pour moi.
J'ai acheté le disque. J'ai été un peu déçu parce que je préférais la version tout en anglais et dans le mien il chantait un couplet en Français. Et puis les autres morceaux étaient pas terribles. Mais bon, aucune importance en fait.
La chanson, MA chanson était là. Elle allait pouvoir me suivre partout, avec quelques rares autres s'installer sur mes cassettes, dans mon cerveau, me suivre sur une île déserte s'il fallait que je n'en choisisse qu'une. Un ami pour la vie comme on dit. "Just for one day", everyday.