Messages Personnels ?
En lisant les posts de mes honorables confrères bloguiens, il y en parfois certains qui résonnent drôlement à mes oreilles. Comme aujourd'hui ceux de Barnabé et Samantdi.
De rebonds en rebonds de mes synapses, me reste une réflexion de Samantdi sur les circonstances ou parfois des amitiés se délitent et s'éloignent. Je la résume comme ça : "Au bout d'un moment il faut choisir son camp" (je réduis ce qu'elle raconte, mais allez plutôt lire sa note).
Choisir son camp...
Voilà ce qui rebondit dans l'espace vide entre mes deux oreilles.
Je me souviens de ces moments ou il faut choisir son camp.
Ca remonte à loin, je n'étais encore qu'un semi-nain tout juste en croissance vers l'âge adolescent, vêtu de sous pull acrylique, grandissant par morceaux asymétriques (le nez, les bras, le pied gauche, l'oreille droite). Et puis un jour, ce sont des choses qui arrivent, FamilleUnie (la mienne) est devenue Famille Tuyau de Poële : séparations, départ, retrouvailles, disputes, cohabitation amicale-indifférente-inamicale, re-séparation, re-disputes, divorce. Finalement.
Ca a duré longtemps. A l'issue de cette période, elle en avait occupé la moitié de mon existence. Parmi les étincelles que faisait mon sous pull acrylique quand je l'enlevais dans le noir, la moitié d'entre elles -peut être- étaient elles la conséquence de l'ambiance électrique qui s'était installé dans un "chez nous" en déroute.
Choisir son camp...
C'était bien une guerre qui se déroulait sous mes yeux. Plus psychologique que physique mais... Passons les détails... Nous creusions les tranchées en prévision d'une guerre de position. L'enfance par elle même nous protégeait de quelques dégâts, mais les tranchées étaient quand même nécessaires. Nous devions bien nous protéger des champs de mines du mensonge, des obus de 45 des disputes, des attaques au gaz du chagrin, des shrapnels de la méfiance et la défiance... Mes réactions, mon mutisme, mes coups de gueule, ou l'anesthésie totale qui me saisissait parfois étaient tout autant des réactions que des blindages, des antidotes, des replis stratégiques ou des contre attaques lancées en pure perte sur le chemin de Monsieur et Madame mes parents.
Choisir son camp...
C'est la vie. Ces évènements ne sont pas exception, voire même ils deviennent légion (étrangère). Père et mère ont fait de leur mieux, en fonction de ce qu'ils espéraient, ce qu'ils voulaient, ce qu'ils pouvaient surtout. Je ne juge pas.
Un philosophe à courte vue a dit : "ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort". Quelle bêtise. On peut être mort à certains endroits et être rendus plus forts à d'autres. Bref.
Me voilà, spectateur-acteur en train d'assister au déploiement des troupes. A ma gauche la famille paternelle, à ma droite la famille maternelle. Les forces en présence déploient leurs charmes et leurs menaces pour nous séduire ou nous obliger. C'est selon. Ce n'est même pas méchant, ou intentionnel. C'est comme ça que ca se passe. C'est pour notre bien même. Ou le leur. Il va falloir choisir son camp.
Alors j'ai choisi.
J'ai choisi mon camp. Littéralement.
C'est à dire le mien.
Je n'ai signé aucun traité, aucune allégeance, aucune alliance à famille A ou B. Moi et moi seul, en hors la loi des nouvelles règles en vigueur, et pi c'est tout. Ce qui n'était pas sans avantages, ni sans inconvénients. Pour faire bref, l'avantage c'est l'indépendance. L'inconvénient c'est l'isolement.
Si j'en juge aux résultats de ce roman familial aujourd'hui, je dirais que j'ai fait le moins mauvais choix. Même si j'ai été parfois pris à partie, parfois utilisé, parfois trahi, ou ignoré... J'ai aussi conquis mon territoire, mon autonomie, je me suis affranchi de l'autorité, j'ai appris à marcher sans cannes et parfois à courir vite. J'ai appris la patience, une nouvelle forme de confiance. J'ai appris que "la vie c'est comme une boite de chocolat..." Ah non, ça c'est déjà pris !
J'ai sauvé l'essentiel : je n'ai pas mis tous mes rires dans le risible de cette situation. Je ne suis pas devenu indifférent ou cynique. Je n'ai pas nourri de désirs de vengeance ou d'oubli. Je ne suis pas -comme ceux qui dans cette histoire ont choisi un camp- resté prisonnier à vie du passé, ou continuent à payer les dommages collatéraux d'un micro Traité de Versailles exorbitant.
La famille est morte ? Vive la vie (autant que faire se peut).
Dans un mélange de "le roi est mort, vive le roi" et "l'état c'est moi" voilà ce que choisir mon propre camp voulait dire : personne ne m'aura.
J'ai choisi tous les camps et aucun à la fois, de manière non-négociable. J'ai choisi non pas la neutralité, mais le hors-jeu, le hors concours, le "allez tous vous faire foutre !" (hum... bon...). J'avais choisi un camp qui n'en était un qu'à mes yeux, le sel de la terre, "the catcher in the rye", ce qui ne s'attrape pas.
Je me suis tenu tant bien que mal à cette boussole, elle me conduit encore en partie aujourd'hui.
Choisir un camp ? Jamais.
J'espère juste que dans la nuit, le T-Shirt que j'enlève fasse de petites étincelles.