La Vie DéBlogue !
Ce matin, après les posts de Samantdi, Kozlika, Janu et plusieurs autres à propos de la mésaventure de ce prof contraint à fermer son blog sous le prétexte qu'il y exposait un peu trop sa vie personnelle, je suis allé voir la page "blogs" de libé online.
Il apparaît que le boum des blogs n'en finit pas de surprendre les profs et l'administration, dépassée et débordée tout autant par les blogs des élèves, que ceux de leurs collègues profs parfois (comme le montre cette mésaventure de G. sur laquelle je ne reviens pas pour l'instant) et les parents.
La pratique bloguienne, comme chatter sur MSN s'est installé durablement chez les enfants, les ados, et aussi les adultes. Ce n'est pas pour rien que le terme blog, est le mot le plus visité sur le dictionnaire en ligne Webster.
Entre étonnement et désappointement (texte 1) devant les blogs qui stigmatisent les profs, ceux ci sont parfois tentés de réagir violemment alors qu'il ne s'agit le plus souvent de pas grand chose de plus que des commentaires qui de toute façon s'échangent dans les cours de récré. Dire du mal (ou du bien) des profs, quoi de plus naturel pour un élève ? Mais ces avis d'adultes parfois tranchés s'avèrent souvent plus mesurés dès que ces blogs sont lus.
Signe qu'avant de s'emballer il vaudrait mieux aller lire et discuter avec les auteurs.
Malheureusement, tout ne se passe pas toujours avec autant d'à propos. Il y a ainsi des exemples d'exclusion définitive d'élèves, comme si le blog était assimilable à un signe ostensible de délinquance (texte2). Tout cela ressemble fort à l'écrasement d'une tête d'épingle au marteau piqueur, et signe que l'éducation nationale panique facilement parfois pour pas grand-chose, voulant faire de la discipline façon pensionnat de chavagnes là ou un simple dialogue suffirait à remettre les choses au point.
C'est que juridiquement aucun texte ne régit en propre l'utilisation des blogs, qui sont soumis aux lois sur la diffamation, droit à l'image, incitation à la haine, etc... Entre ces textes, les règlements des établissements scolaires et la jurisprudence, il apparaît que rien n'est clair aujourd'hui sur la place des blogs dans la vie scolaire et la façon dont il faudrait pouvoir en apprécier les dérives (texte3).
Ceci dit, pas besoin de faire débouler un arsenal juridique pour faire preuve de bon sens et de volonté de dialogue. Dialogue ? N'est ce pas d'ailleurs un des atouts des blogs ?
Ce bon sens, on serait en droit de l'attendre des éducateurs, de leur encadrement, des parents et des organisations de parents d'élèves. Et un peu moins des enfants, puisque l'éducation a justement pour but de les former au "bon sens" (je n'aime pas cette expression, mais je l'utilise ici pour plus de commodité) à travers l'acquisition du savoir et de l'autonomie.
Certains profs, bloggeurs eux même (ou pas), font cette démarche. Ils sont probablement les plus nombreux, mais bien sûr ce ne sont pas leurs expériences qui seront reprises dans les médias comme valeur d'exemple. Histoire d'équilibrer les sois-disants méfait bloguiens (texte4).
Les blogs paraissent ainsi former une sorte de réservoir à fantasmes contemporains : l'expression individuelle comme droit inaliénable et supérieur à tout autre, la relation à la médiatisation et à une pseudo célébrité, l'image de soi et des autres... Mais aussi à de vraies questions sur les conséquences de nos nouveaux outils numériques, à propos desquelles curieusement (pour leurs détracteurs), les bloggeurs eux même paraissent être bien plus conscients, critiques et avertis... que les défenseurs d'une éthique étriquée, rabougrie et repliée sur elle-même.
Messieurs les censeurs, donnez vous la peine de vous intéresser à ce qui vous inquiète. Vous apprendrez à comprendre (un comble pour l'éducation nationale !?), discuter et à sortir de réflexes d'arrière gardes et d'ores et déjà condamnés par le temps qui passe.