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1 août 2005

Le Resto de l'Eté

Je n’ai pas encore évoqué ce rituel des vacances : le resto de l’été.

On est en France que diaaable ! Et même si la baisse globale du pouvoir d’achat fait rage j’imagine que les vacanciers gardent presque tous un midi ou un soir pour le « resto » dit « des vacances ». C'est sacré !

Là ou je vais, c’est le royaume de la galette et plus localement, le lieu est connu pour sa rue du port transformée en file ininterrompue de restaurants.

Tout vacancier qui se respecte ne manquera pas d’observer les choses suivantes.

Tout d’abord, celui de la topologie des lieux. Chaque restaurant reproduit le schéma suivant quasi systématiquement.

Tout d’abord il y a le carré des habitués des lieux. Une zone protégée par une loi du littoral non écrite, assez restreinte, ou se retrouvent les indigènes locaux qui ne sauraient supporter d’être mélangés au vulgum vacancierus bermudadus.

Ils sont assez faciles à identifier. Ils donnent l’impression de n’avoir jamais quitté leur siège de la saison. Ils affichent une distance légèrement méprisante vis-à-vis du commun des mangeurs. Et leurs discussions consistent à se plaindre de ces envahisseurs, qui ont chaque année d’après eux le culot de dépenser moins, alors que les prix pratiqués l’été sont à peine plus abusifs avec cette modeste augmentation ponctuelle de 100%. Et comment qu’on va faire, à cause de ces cons là, nous ? Disent ils en déglutissant leur 3ème apéro.

Il y a ensuite le carré VIP. Le coin que le patron réserve à ses potes, aux meilleurs potes de ses potes, aux figures locales et régionales qu’il convient de traiter dignement si on veut pouvoir agrandir la terrasse, etc…

Et enfin le reste, là aussi facilement reconnaissable, car toujours bondé malgré une disposition des tables plus proches du modèle réfectoire militaire que d’un restaurant ou l’on eut s’ébattre en toute liberté, comme un poulet de Loué élevé au grain.

Pour votre resto de l’été, c’est souvent la femme du patron qui vous accueille, et vous jaugeant rapidement décide de votre catégorie sociale et du traitement qui y sera associé dans son honorable établissement. Vous faites descendre les enfants d’une Porsche Cayenne devant l’entrée, ou vous arrivez dégoulinant de sueur après vos 150km d’étape cyclotouriste, croyez-moi vous ne serez pas installé au même endroit !

Ensuite c’est soit un serveur exténué ou une serveuse débordée qui prend le relais.

Et là, tout est possible !
Vous avez le modèle bougon rienafoutredetagueule, jusqu’au primesautier pétillant que vous inviteriez bien à table pour qu’il distraie les enfants ou fasse du charme à belle maman. Elle qui boude depuis le début du séjour car elle voulait partir avec ses copines du 3ème âge faire un trek au Népal intitulé « ouvre tes chakras au  long de la route de la soie » juste avant de se péter le col du fémur en sortant de sa douche. Et vous vous êtes sentis obligés de l’emmener avec vous.

Mais c’est pas tout ça, vous êtes pas là pour rigoler (vous en avez déjà fait le deuil pour cette soirée, signe indéniable de sagesse). Après vous avoir oublié pendant ¾ d’heure sans même une carafe d’eau pour survivre, on vous parachute enfin la carte sur la table.

Là aussi, plusieurs variantes.
De la simple carte plastifiée dont les prix ont été recouverts de petites étiquettes autocollantes avec les nouveaux prix de l’été dessus. Jusqu’au livret en simili peau de zébu retournée, doré sur tranche, avec papier velin couché, le genre de truc qu’on dirait fait pour signer les traités internationaux.

Bon bref… Vous choisissez de quoi vous réconforter d’une dure journée de vacances.
Il faut que je vous dise que dans ce coin, ou je vais, c’est un pays à fruits de mer. Aussi, nombreux sont les vacanciers qui se sentent obligés de céder à l’attrait du grand classique local : le plateau de fruits de mer.

Moi, loin de me mettre l’eau à la bouche, ce genre de nouriture me fiche le bourdon.

D’abord on dispose une sorte d’échafaudage en fer blanc qui prend toute la place et qui vous empêche de voir dulcinée en face (ou alors juste ses cheveux). Et ensuite un truc plein de glace concassée mollissante est livré par le serveur, comme si il vous apportait le général de Gaulle en personne. Vous allez manger ça (j'veux dire, un général de Gaulle concassé et mollissant) !?

Là, sur un vague amas de pustules verts sombres –des algues paraît-il- gisent mollement allongé des langoustines tristes et mollassonnes, un tourteau comme celui que vous avez vu pris dans le mazout quelques heures plus tôt sur la plage. Il y a aussi des bulots souvent : un truc gluant et riquiqui caché au fond d'une mini grotte, qu’il faut transpercer à coup d’épingles pour avoir l’impression de manger de la crotte de nez. Et aussi des huitres qui il y a quelques instants respiraient encore à la devanture les gaz d’échappement des voitures à la recherche d’une place de parking depuis une heure. Enfin bon… c’est la fête quoi !?


Absolument enchanté, vous avalez votre repas, en pensant à vos doigts qui sentent pas bon et en fredonnant intérieurement d’une voix morne « coquillages et crustacés ».

Vous voulez rentrer chez vous !

Vous avez votre dose de ce resto bruyant et surpeuplé, des gens qui déambulent sans cesse devant vous et vous empêche de profiter du paysage marin (dont la vision est de toute façon obstruée par le parking). De mamie qui ressasse que dans ce resto elle sent des énergies négatives (avec tous ces homards en aquarium qui assistent au dépeçage en direct de leurs congénères, qu’est ce qu’elle croyait !). Des enfants qui ne tiennent plus en place et veulent aller se baigner à 22h30…

De toute façon vous n’avez mangé que du pain et de la mayonnaise en fait, et vous avez mal à l’estomac après cette bouteille de blanc qui fait grincer votre estomac.

Ne vous en faites pas, vous allez bientôt être libéré.

N’oubliez pas un dessert pour les enfants, sinon vous allez vous faire traiter d’horrible pingre, et demandez l’addition. C'est-à-dire ½ heure pour la demander, ½ heure pour l’obtenir, ½ heure pour vous en remettre (garçon, un cognac –au point ou j’en suis- soupirez vous), ½ heure pour que le garçon finisse par trouver une machine carte bleue, ½ heure pour sortir du parking et 15mn pour atteindre votre lit et voilà !
Il ne reste plus qu’à laisser le mélange fruits de mer, vin blanc et mayonnaise produire son petit effet !

Bonne nuit !

coquilletcrust

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Commentaires
L
Je crois que c'est parce que j'ai gardé un souvenir assez précis de quelques mémorables... indigestions...
B
Tu es effrayant !<br /> Quelle forme tu tiens ! On sent l'expérience ou l'observation !<br /> <br /> 11h47. Beuh, j'ai plus très faim là.
L
D'accord, je rectifie :<br /> "La Bretagne ! Mais il ne pleut jamais en Bretagne".<br /> <br /> (je crois que Radio Bonheur est encore sur les ondes)
J
LVN > Mettons comme dans les chansons qu'il ne faut jamais dire toujours.
J
Vroumette > Tu paies combien pour les zozos? Radio Bonheur (sic) n'est une expression : c'est une radio à base d'accordéon et autres claviers improbables qu'on peut vraiment écouter dans sa voiture les jours de pluie à Plurien, Ille-et-Vilaine. Du moins il y a 3 ans.
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