Chapeaux De Roues
Journée sur les chapeaux de roues (mais vous en avez déjà vu, vous, des chapeaux de roues ???), et PC qui plante tous les quarts d'heure depuis que Acrobat 7.0 a bouffé tout ce qui me restait de mémoire sur mon disque dur. Pas évident cette note...
Et puis je suis un peu partagé sur le sujet du jour en plus.
Trop de sujets, et pas forcément la bonne idée qui va avec. Parfois, il vaut mieux s'abstenir en attendant que ça soit mûr.
Ce que je voudrais pouvoir vous "passer", c'est ce que j'ai ressenti en voyant -pour de vrai- le spectacle présenté par cette troupe il y a quelques années. Dans l'auditorium de Beaubourg, une petite salle, pour 200 ou 300 personnes pas plus. Des américains, cette Bill T.Jones et Arnie Zane company. A l'époque Arnie Zane n'était déjà plus, emporté par le Sida, laissant Bill T.Jones seul aux manettes de la compagnie et de sa séropositivité.
Bill T.Jones en avait conçu un très beau spectacle sur "la différence".
Faisant monter sur scène et danser des danseurs(es) professionnels et des monsieur-madame tout le monde n'ayant jamais dansé ailleurs que dans leurs boums adolescentes. Des noirs et des blancs. Des petits, des grands, des maigres, des gros, des beaux, des laids, des jeunes, des vieux...
Comment s'y était il pris pour que personne ne soit choqué, ou même surpris, au moment ou tout ceux-là s'étaient retrouvés nus sur scène ?
Sans doute avait-il réussi à raconter son histoire, à dépouiller ses danseurs de toutes les images d'eux mêmes avec lesquelles ils vivaient. Désarmant en même temps, la façon que nous avons tous d'habiller de valeurs préconçues toute personne que nous rencontrons.
Certainement, il avait réussi à nous rendre aussi attachant et sensible, quasiment aimant, la jeune danseuse au corps parfait et aux gestes harmonieux, comme le vieux monsieur au corps fatigué par une vie que nous ne connaîtrons jamais.
Qu'ils soient nus, ou plutôt habillés de leurs seuls mouvements, ce que nous les spectateurs nous avons vu ce soir là, c'était de la vie pure en action. Le jeu de Bill T.Jones contre ce que la maladie lui avait volé, comme quand dans "court après moi que je t'attrape" on a le temps de se retourner pour faire un pied de nez à notre poursuivant, qu'il se rapproche, nous attrape presque et qu'alors le court élan par lequel on lui échappe devient éternel.
Arnie Zane - Bill T. Jones Company
Photo : Michel Cavalva