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22 février 2005

Le Blog de Destruction Massive

Je ne sais pas si vous êtes au courant de cette histoire.

 

Aux Etats-Unis, les blogs ont poussé à la démission deux journalistes de renom : le mythique Dan Rather de CBS News et le moins connu ici Eason Jordan, directeur de l'info chez CNN. Dan Rather s'est fait épinglé pour avoir produit un faux document sur le passé militaire de G.W.Bush, Eason Jordan lui au forum de Davos en laissant entendre que l'armée américaine en Irak avait intentionnellement tiré sur des journalistes. Devant la réaction de la salle Jordan avait ajouté que l'armée avait tiré sur des civils sans savoir qu'il s'agissait de journalistes. Les bloggeurs conservateurs américains réagissent aussitôt et malgré la règle qui veut que les débats du forum de Davos ne soient pas publics, ils diffusent l'info « antipatriotique » jusqu'à obtenir le départ de Jordan.

 

Voilà une grande nouveauté.

Aux USA les blogs ont tellement de succès qu'ils sont déjà utilisés non seulement pour relayer de l'information non diffusée, mais également pour véhiculer des choix et des objectifs bien précis. Dans ces deux cas, au-delà de la véracité de l'information rapportée, ce qui comptait vraiment pour les détracteurs c'était de se débarrasser de deux voix ne soutenant pas à fond les options politiques conservatrices.

 

Stupeur des médias habituels qui s'aperçoivent que des trublions-blogs peuvent influer (comme eux) l'opinion jusqu'à obtenir des actes et des décisions qui n'ont rien de virtuel. Ceci dit, eux même développent des blogs, il suffit d'aller sur le site de n'importe quel quotidien de renom pour pouvoir avoir accès aux bloggeurs maison. On a vu également pas mal de politiciens s'offrir un blog (surtout en période d'élection) pour faire gadget moderne.

 

Mais on devrait passer sous peu à autre chose.

Il est à peu près sûr que les grands groupes de pression vont s'intéresser aux blogs, et réfléchir à la manière de s'en servir.

Le blog est un outil merveilleux pour échanger des idées, des réflexions, des expériences sur les sujets les plus divers. Il risque de devenir aussi (mais pas seulement, heureusement) un nouveau champ de conquête pour tous ceux qui ont des intérêts à défendre, du pouvoir à imposer, de l'argent à gagner.

 

Contrairement à la presse, ou il y a malgré tout des règles (je ne vous parle pas de Voici ou Paris Match) : les journalistes ont des cartes professionnelles, ils ont un contrat de travail, il existe une déontologie et des règles, les conditions d'exercice du métier de journaliste est réglé par la loi… Le blog est un monde libre et opaque.

Libre, car chacun s'y exprime comme il veut. Opaque à cause de leurs multitudes et de leurs anonymats. Il y a peut être déjà des blogs terroristes, pédophiles, négationnistes sans que nous le sachions, à peine dissimulés derrière une page d'accueil proprette. Car au fond, je ne sais rien de vous, vous ne savez rien de moi, hormis ce que j'écris sur mon blog. Pendant que j'écris cette note, si ça se trouve j'ai 45 réfugiés illégaux dans mes 15m² de cave qui sont en train de coudre des fringues qui finiront vendues en gros dans le sentier.

 

Parce que les blogs sont incroyablement éparpillés, individualistes par essence, ils risquent bien de devenir le terrain de jeu idéal pour faire courir les rumeurs les plus tordues, ou lancer de nouveaux modes de consommation, de nouveaux produits, sinon pour soutenir les idées les plus aberrantes. Qui sait, Dieudonné va peut être diffuser ses blagues racistes sur un blog. On y trouve déjà par exemple à son sujet, des trucs comme ça : http://occident.hautetfort.com/ ou ça : http://u-blog.net/france/article/Dieudonne.html. Je vous laisse juger de la pertinence des propos.

 

Est-ce que les billets que nous écrivons ne peuvent pas, demain, risquer d'être utilisés à notre insu, sans notre accord, pour être repris à des fins que nous ne soutenons pas ? C'est peut être un risque avec lequel nous devrons compter. Car les hébergeurs, eux, ils comptent. Ils ont besoin d'un minimum de ressources publicitaires pour fonctionner. Qui dit que demain ils ne seront pas tentés d'ouvrir leurs fichiers à des gens qui ne verront dans la blogosphère qu'un outil leur donnant accès à nos centres d'intérêts, nos préoccupations, nos idées… Quelle merveilleuse mine d'informations.

Les blogs étant souvent proches de notre vie intime, ils sont de ce point de vue bien plus instructifs que n'importe quelle étude de marché ou de consommateurs.

 

Je pousse pour l'exemple, le scénario parano à son comble. Imaginons une structure marketing d'un grand labo pharmaceutique. Elle cible et sélectionne tous les blogs ou on peut identifier que leurs auteurs vivent des problèmes personnels perturbants. Le labo ouvre un blog, et commence à faire paraître des textes très convaincants, fraternels, protecteurs, rassurants… Parralèllement, ces faux bloggeurs vont laisser des commentaires adéquats chez leur blogs cible (avec l'aide de psys dûment payés pour cela). Les blogs cibles vont lire le blog du labo, ou là progressivement leurs faux auteurs commencent à parler du Prozac maison, l'air de pas y toucher, juste par allusion. Mais assez pour convaincre tout doucement les lecteurs en pleine déshérence que leur pilule, ça vaut peut être le coup d'essayer. Vous croyez que je plaisante ? Oui, bien sûr. Mais ceux qui contrôlent les sectes, à votre avis, c'est pas le genre de trucs tordus auxquels –justement- ils pourraient penser sérieusement ?

 

Que cela ne nous empêche pas de profiter de tout ce que le blog a de bien à nous offrir (en ouvrant l'oeil).

 

 

Après avoir suivi des études artistiques à Rouen et à Paris et tout en travaillant pour le groupe de presse Filipacchi, Florence Cestac participe activement à la fondation de Bonbel, un collectif artistique rouennais. En 1972, elle ouvre, avec Etienne Robial et Denis Ozanne, la librairie Futuropolis et prend part deux ans plus tard au lancement des éditions du même nom. A la même époque, elle crée 'Harry Mickson', personnage qui deviendra l'emblème et la mascotte des éditions Futuropolis. Cestac publie ses planches dans divers magazines, de Ah Nana ! à Métal Hurlant en passant par Charlie Mensuel, Pilote et Chic. 'Cauchemar matinal', 'Comment faire de la bédé, sans passer pour un pied-nickelé', 'La Guerre des boutons' et 'Gérard Crétin' sont quelques-uns de ses titres. En 1995, elle publie 'Quatre punaises au club'. Un an plus tard sort 'Le Démon de midi'. Ses ouvrages les plus récents, 'Je veux pas divorcer' et 'Survivre & Noël', paraissent en 1998.

 

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Commentaires
L
Pendant que j'écris cette note, si ça se trouve j'ai 45 réfugiés illégaux dans mes 15m² de cave qui sont en train de coudre des fringues qui finiront vendues en gros dans le sentier.<br /> <br /> voilà la réponse aux sous -vêtements...<br /> oui suis en manque de chocolat...
G
j'y pensais aussi avant de me lancer, aux utilisations détournées et tout. et puis la vie a fait que je n'ai plus hésité.<br /> Cette liberté qu'on a encore, il faut la saisir à pleine main, même s'il y a des risques.<br /> La réactivité qu'on y a (on s'inscrit, on définit quelque présentation et zou ça roule (bien sûr il faut écrire les textes, mais bon, sans le blog ce que j'écris va rester dans ma cuisine)).<br /> <br /> J'ai peur que tôt ou tard, sous le couvert vertueux d'éviter les dérives que tu évoquais, cette liberté sera limitée, qu'on le veuille ou non.
G
j'y pensais aussi avant de me lancer, aux utilisations détournées et tout. et puis la vie a fait que je n'ai plus hésité.<br /> Cette liberté qu'on a encore, il faut la saisir à pleine main, même s'il y a des risques.<br /> La réactivité qu'on y a (on s'inscrit, on définit quelque présentation et zou ça roule (bien sûr il faut écrire les textes, mais bon, sans le blog ce que j'écris va rester dans ma cuisine)).<br /> <br /> J'ai peur que tôt ou tard, sous le couvert vertueux d'éviter les dérives que tu évoquais, cette liberté sera limitée, qu'on le veuille ou non.
L
> Ludecrit.<br /> Ah ça, j'essaie de voir le rapport avec la note sous-vêtements, mais parfois j'comprend rien moi !<br /> :-))<br /> Tu veux commander du chocolat ?<br /> <br /> > Barnabé.<br /> Tu vois ces choses là avec plus de noirceur que moi, ou plus de réalisme en effet (l'un n'empêche pas l'autre). Mais bon, cela n'empêche pas de trouver de véritables pépites bloguiennes. D'ailleurs tu nous en a trouvé pas mal.<br /> Faut relativiser.<br /> <br /> Qu'est ce que tu fous au taf à c't'heure ?<br /> <br /> > Cookie.<br /> Tu as la réponse toi-même. C'est humain. Le soleil se lève de la même manière pour tous le monde, les salauds et tous les autres. Faut toujours se battre contre les cons, les empêcheurs de plaisirs, les trousduc anti-bonheur.<br /> Aller, reprends un pain au choc' !<br /> <br /> > Richard G.<br /> Oui, c'est vrai. Les métiers des médias sont touchés comme bien d'autres par la nouvelle organisation du travail. Les blogs peuvent leur fournir un outil dont l'utilisation risque d'être viciée. Il faut veiller à ce que ça n'en devienne pas une règle.
R
"les journalistes ont des cartes professionnelles, ils ont un contrat de travail, il existe une déontologie et des règles, les conditions d'exercice du métier de journaliste est réglé par la loi…" : hum, c'est de moins en moins vrai ça aussi, le marché du travail des journalistes est en pleine déreglementation, les supports puisent à satiété dans un vivier de crève-la-faim prêts à tout pour arrondir leur panse au moins un dimanche par mois. Je ne serais pas surpris si les blogs devaient leur fournir l'inspiration (et plus si infirmités) pour le contenu qu'ils doivent vendre.
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