Feuilles et Pirouettes (cacahouète)

Terminons cette semaine par une note en 2 temps 3 mouvements.

C'est l'automne, je rentre chez moi en traversant le quartier chinois du 13ème Ardt. Il commence à faire un peu beaeucoup froid, et le ciel est de ce gris Parisien typique qui déprime mes amis Toulousains. L'air pique un peu, et fait tomber par paquets les feuilles des platanes et marronniers plantés dans les rues. Les bols de soupe fument aux terrasses des restos Chinois de l'avenue de Choisy. Les clients fument aussi.

Je presse le pas, pressé de regagner mes pénates, chargé comme une âne de toute la paperasse que je ramène de mon rendez-vous du matin. Le quartier ne me donne pas trop envie de m'attarder aujourd'hui. Et je n'ai pas beaucoup de temps pour flemmarder chez Tang Frères à essayer de deviner quels sont ces légumes bizarres et comment on s'y prend pour les rendre mangeables.

En marchant dans la rue d'un bon pas je m'aperçois que le vent s'engouffre en tourbillon dans l'angle produit par le décrochement d'un immeuble planté en retrait des autres. Je ne suis pas le seul à avoir remarqué cette rupture de la ligne de fuite.
Une femme d'une trentaine d'année qui marche en sens inverse l'a remarqué aussi.

Elle vient se placer dans l'angle. Elle attrape un élastique dans sa poche et attache ses cheveux longs. Elle est vêtue d'un pantalon souple et large sombre, d'un pull, d'une blouse deux tons plus clairs que son pantalon. Elle sourit en posant au sol le gros sac en tissu qu'elle porte en bandoulière.
Elle se place dans l'angle, bien droite, les pieds ouverts et serrés l'un contre l'autre. Elle a l'air d'avoir quelque chose derrière la tête, je me demande bien quoi.
Une bourrasque de vent arrive. Qui s'engouffre dans l'angle ou elle se tient. En quelques dizièmes de seconde la bourrasque se fait tourbillon et commence à emporter avec lui toutes les feuilles mortes au sol, dans un bruit de papiers de soie froissés, et dans un mélange de couleurs vertes et brunes.
Le tourbillon s'accélère, et le mouvement des feuilles s'élève au dessus du sol comme une micro tornade sur 1 mètre carré.
Je m'aperçois que la jeune femme s'est placée à l'endroit exact de l'oeil du cyclone.

Au moment précis ou partant d'un large cercle au sol jusqu'à un fuseau plus étroit autour de sa taille les feuilles l'habillent d'une spirale bruissante et vive, elle lève haut sa jambe droite, monte sur la pointe des pieds de sa jambe gauche et décrit une pirouette parfaite dans le sens inverse du tourbillon.

Ca dure à peine une demi seconde.
Une demi seconde durant laquelle l'espace et le temps se disloque pour ne laisser passer que ce bref éclair de pure beauté en mouvement.
Elle est revenue à sa position de départ, comme si elle n'avait pas bougé. Le tourbillon ralentit et s'arrête.
A part moi, personne ne l'a vue, j'ai été son seul spectateur.
Elle rit, ramasse son sac et s'en va.

Image New york City Ballet

Comments

[LaVitaNuda]

> Jocaste.
Je vais retourner la lire alors.
Merci :-) !
> Anne.
Le Durian c'est surtout l'odeur qui est terrible. Mais au goût c'est pas si moche (si on arrive à faire abstraction des signaux que nous envoient nos narines).
Et puis il y a -dans ces magasins- d'autres créations légumineuses qui ont l'air de sortir de l'Ile du Docteur Moreau !!!
> 4.
Ah oui alors...
> Anastomoses.
Oui, mais là c'est Mary Poppins, hi hi !

[Anastomoses]

J'suis jaloux ! J'aurai aimé être là pour assister à cette danse. J'étais pris par ton histoire, je m'attendais à ce que tu racontes qu'elle s'était mise à tourner et à décollern utilisant la force du vent en se déportant progressivement vers l'extérieur du cyclone. j'aurai trouvé ça crédible?

[4]

C'est bô.

[Anne]

C'est chouette les gens qui savent s'amuser avec un peu de vent et des feuilles !

(ps : il y a certaines choses qu'on trouve chez Tang Frères qu'à mon humble avis il est impossible de rendre mangeables... genre le durian !!! mais c'est une autre histoire !)

[jocaste]

tu l'avais lue en son temps et même commentée...
elle date du 29/06...et j'y ai souvent fait allusion dans mes notes...
tu vas me dire elle dit trop souvent merci, mais tant pis ,merci, de me lire si attentivement...